le manque est une sensation étrange. comme de l'eau glacée qui coule lentement sur la peau, creusant un sillon si profond qu'il en devient sang. son parcours imprédictible, venant recouvrir son corps d'une sensation brulante d'un froid qui lui transperce le corps. d'abord il a eu mal, il a hurlé de douleur face au contact soudain et inattendu de l'eau. la douleur s'est faite plus sourde alors que le temps passait, jusqu'à lui engourdir les membres, jusqu'à lui éteindre le coeur. il est devenu glace lui même. les sillons sont devenus des marques son son être abimé, des cicatrices irréparables. comme la signature du deuil venant se poser sur son visage, sur ses mains, sur son torse. une marque maudite que le savon n'a pas su faire disparaitre, que le sang n'a pas su régénérer. aucune issue, juste le manque. la savoir là, quelque part, privée de lui, c'est une gifle qu'il se prend tous les matins alors que ses paupières s'ouvrent sur un regard morne. si proche et pourtant si loin. il ne sait plus rien d'elle, sa Violet. il n'a pas été là pour regarder les étoiles dans ses yeux lors de son premier amour, ou pour la bercer lors de son premier coeur brisé. il ne l'a pas regardé partir à son premier bal, l'oeil fier. il n'a pas pu la féliciter lorsqu'elle a terminé le lycée, lorsqu'elle a fini ses études. il n'a pas été là pour en faire une adulte. Lynda non plus. deux fantômes incapables de lui venir en aide, deux poids sur ses épaules fines. un jour par an, voilà tout ce qu'il s'est offert depuis qu'il a dû la quitter brusquement. un départ soudain mais nécessaire. la protéger, l'effacer des cibles de la Division, des potentiels leviers de négociation. lui éviter la souffrance d'une guerre qui n'est pas la sienne. enfant sans pouvoirs, enfant normal. elle ne devrait pas avoir à craindre pour sa vie. alors il a décidé de ne plus en être, plus qu'un jour par an. l'anniversaire funeste, le désastre. il revoit la maison partir en fumée. entend le cri de son épouse. sent l'odeur du bois qui disparait. il n'a rien pu faire alors. faible. impuissant. ce jour, il dit beaucoup de choses. il dit sa souffrance, sa peur de la voir disparaitre elle aussi. la première fois a été un accident. ils se sont croisé au cimetière. alors il s'est recouvert d'un masque, lui a proposé une douce illusion. un visage amical plutôt qu'un fantôme aux joues creuses. un rituel, comme un ange gardien venant la retrouver pour l'aider à passer à travers les souvenirs.
il regarde le menu, sans faim. il la sait proche, mais ne la cherche pas du regard. sur son visage, celui d'un autre. un homme sans âge, sans origines. une ombre que l'on oublie après un regard. banal. personne. quand enfin Violet vient le retrouver, le sourire aux lèvres, il se redresse. plonge son regard dans le sien. et lui rend son sourire, non sans avoir gardé le silence un moment encore. "Bonsoir mademoiselle. C'est la première fois que je viens par ici, je ne suis pas sûre de la spécialité du restaurant..." il veut l'entendre. il veut l'entendre des heures. il donnerait tout pour ne plus jamais rien entendre d'autre que sa voix.
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Plus sérieusement : 
C'est ton Dominic intérieur qui veut taper le client trop sympathique avec la petite serveuse 
était tout à fait naturel (et puis je me suis moi-même confirmée que, non, c'était pas de la même scène 
