Arrivée en grande pompe,
2010-2013

Lorsque les premiers supers se sont révélés, panique et émerveillement ont été mots d’ordre. Pas facile de se faire à l’idée d’avoir dans la foule des personnes possédant des capacités aussi surhumaines que dangereuses, qui plus est lorsque ces améliorations semblent tout droit sorties de nos bande-dessinées favorites.

Les gouvernements respectifs des pays des premiers supers ont chacun réagi à la nouvelle à leur façon. Si certains pays ont offert aux supers un accueil digne des plus grands films de science-fiction, d’autres ont considéré ces derniers comme des dangers et des bombes à retardement. Entre appréhension, véritable terreur, discrimination et débordements, tous n’ont pas eu la chance de se découvrir améliorés ou de s’assumer sur le sol américain, qui s’est montré plus neutre au moment de la découverte, préférant opter pour la régulation et l’encadrement sans les réprimer.

Couverture médiatique quasi non-stop, débats télévisés : la découverte des supers s’est faite dans le bruit et a déchiré les nations pendant de longs mois.

En 2011, c’est le début de l’adaptation. Après le chaos qu’a soulevé la découverte des supers, il a fallu s’organiser pour les accueillir et les inclure dans la société. Si certains vivaient déjà parmi la population générale, beaucoup se sont découverts et assumés après 2011. Le Congrès passe les premières lois d’urgence pour que les supers ne soient pas à même de passer entre les mailles du filet, créant ainsi EVA, l’agence qui aura pour rôle de soutenir et de recenser les supers et d’étudier leurs capacités.

De nouvelles professions voient le jour, alors que les agences dédiées au soutien des supers et les entreprises privées les employant se multiplient. Certains services ont subi beaucoup de changements afin de s’adapter à ces nouveaux clients : avocats spécialisés, assurances pour et contre les supers et leurs dommages, soins spécifiques à certains pouvoirs — la société a su évoluer rapidement en tirant profit du génie humain. D'autres professions se voient refusées aux supers : en effet, l'armée annonce un programme de retrait volontaire des supers des forces armées. Ceux qui y oeuvrent déjà se voient offrir un montant d'argent compensatoire en plus de leur pension accumulée jusqu'à maintenant en guise d'incitatif pour quitter les rangs. On promet à ceux qui refusent de se conformer à l'initiative, s'ils sont pris sur le fait, une décharge déshonorable, un retrait de tous les honneurs mérités en carrière, une amende et possiblement jusqu'à quatre ans d'emprisonnement.

Premiers arrivés, premiers servis, quelques entreprises ont réussi à tirer leur épingle du jeu, notamment en proposant des services là où il n’y en avait pas. On compte, par exemple, Gieves & Hawkes, qui confectionne les costumes des plus grands super-héros, mais qui propose aussi des costumes plus accessibles. On compte aussi Vanguard, un groupe pour lequel travaillent de nombreux supers, qui propose alors des services de protection et surveillance. Certains médias spécialisés autour des supers voient également le jour, surfant sur cette nouvelle tendance auprès des jeunes et des moins jeunes. Après la panique de leur découverte, c’est l’heure de l’émerveillement : magazines, programmes télévisés, on raconte leurs exploits sous toutes les formes de journalisme.

Avec le développement de médias autour des supers, ces derniers deviennent vite un nouveau genre de célébrités. On voit de plus en plus les mêmes supers en couverture de la presse, et sur les réseaux sociaux, les mêmes noms ressortent : c’est le début de la célébrité pour ces héros qui, comme dans les comics et films de science-fiction, se considèrent comme des super-héros et sont vus comme tel. Devant la popularité assourdissante de ces médias, qui se basent sur les exploits de personnes réelles, les empires de DC Comics et de Marvel s’effondrent, devenant du jour au lendemain ringards et dépassés.

On retrouve également des téléréalités sur certains héros, dans lesquelles on peut suivre leurs exploits et leurs relations. La plus regardée et suivie reste The Guards, en ondes depuis fin 2013. Il s’agit d’une série produite par la société de protection et de surveillance Vanguard, et qui met en avant ses têtes les plus connues et appréciées. C’est la consécration de ces héros, qui deviennent les nouvelles vaches à lait de la compagnie.

Aux Jeux olympiques, un nouvelle catégorie spéciale supers voit même le jour, signant pour de bon l’inclusion des supers dans la société. Un événement appelé les Superlympiques fait s’affronter les supers qui ont des pouvoirs similaires afin de couronner les meilleurs.

Déclin précipité,
2014-2016

La population commence à se lasser, inévitablement, et l’opinion voulant que derrière chaque super-héros se cache également un super-vilain se fait plus courante. Si l’on savait que tous les supers ne profitaient pas de leurs pouvoirs que pour faire le bien, jusqu’ici, la presse avait choisi de se concentrer sur le côté « incroyable » des supers : sauf que comme pour tout, leurs lecteurs et spectateurs ont fini par s’en lasser. C’est donc naturellement que les médias ont décidé de s’intéresser aux supers sous un nouvel angle, mettant en lumière leurs défauts, déboires et débordements.

En novembre 2015, un super cause un désastre au centre-ville d’Astoria en faisant exploser un gratte-ciel iconique de la ville, Pryce Tower, une tragédie rapportée partout sur la planète. On déplore des centaines de morts et des milliers de blessés alors qu’un quadrilatère entier devient un véritable champ de bataille. Un groupe de victimes a ainsi décidé de porter plainte contre le super responsable, après avoir subi de nombreux dommages et pertes causés par ce dernier. Le hashtag #NotMySuper est rapidement devenu viral et continue de revenir à l’avant-scène occasionnellement, lors d’incidents mettant en cause les supers. Des groupes de victimes ont monté des associations d’aide, des groupes de pression pour promouvoir un suivi plus rigoureux des supers par le gouvernement, et plus encore. La société se déchire entre soutenir et restreindre les supers, et si certains supers sont toujours considérés comme des héros, ces derniers peuvent se retrouver extrêmement rapidement en première de couverture d’un magazine à scandales. C’est le début des accords de non divulgation entre victime collatérale et super-héros ou une entreprise employant des supers. On remarque également une recrudescence des super-vilains, qui profitent de cette époque instable pour les super-héros pour prospérer.

Après une période plus trouble, pendant laquelle les supers sont au creux de l’opinion publique, l’élection d’une figure représentant le compromis et la tolérance ramène une sorte de paix aux États-Unis. Danielle Amabo élit domicile à la Maison-Blanche en novembre 2016 et fait tout en son pouvoir pour calmer le jeu dans tout le pays, mais surtout à Astoria, où une bien plus grande proportion de supers vit. Les lois sont modifiées pour les rendre à la fois plus strictes, mais plus justes, offrant notamment à EVA plus de responsabilités vis-à-vis de la recherche et de l’ordre public. La balance des choses ainsi rétablie, la vie semble vouloir reprendre son cours, même si les associations défendant les droits des victimes se font de plus en plus vocales. Les policiers se mêlent aussi de la partie, jugeant que leur métier est de moins en moins valorisé lorsqu’on sait qu’un super viendra forcément chercher ses quinze minutes de gloire sur une scène de crime — et que le public demeure fasciné, malgré la grogne.

Et maintenant,
2017-2020

Les choses semblent reprendre leur cours normal. Comme toujours depuis la découverte des supers, il y a parfois des tensions entre les non-supers et les supers, ceux qui comprennent que ces capacités sont arrivées de façon aléatoire chez autrui et ceux qui préféreraient voir cette étrange mutation éradiquée. Vanguard continue d’être une grande force dans la sphère publique, allant jusqu’à suggérer, en septembre 2019, de rouvrir les articles de la loi qui concernent les supers pour leur permettre de rejoindre l’armée — un privilège dont ils étaient évincés jusqu’à ce jour, pour des raisons évidentes. Alors que le débat fait rage sur la sphère publique, ranimant les passions, 2020 mettra également le funeste anniversaire de la destruction du Pryce Tower, en 2015, à l’avant-scène.