Deal with the devil
Cela faisait maintenant trois ans que je vivais à Southwood. Une banlieue américaine dans toute sa décadente candeur, avec ses populations à la cohésion suspicieuse, mais vitale. La criminalité des lieux n’était pas nouvelle, mais ce n’était pas là, le problème le plus urgent. La vétusté de certains appartements et de certaines maisons auraient fait pâlir les rebelles de Tchétchénie, dont les abris consistaient parfois en de simples maisons en décrépitude suite aux bombardements. Pourtant, il n’existait pas dans ce troupeau de brebis galeuses, une seule créature à même brisé le respect du mutisme ambiant, peu importait l’activité qui s’y trouvait. J’avais appris que s’attirer les faveurs des membres du quartier m’assurer une certaine assurance. Arrondir les fins de mois avec du travail au noir ne faisait parti que des non-dits d’un quartier, plongé dans les creusets de la justice.
C’est un ciel gris mélancolique aux torpeurs mesquines, qui accueillit en ce matin étiolé, les citadins encore endormis. La langueur astrale du monde qui sembla ralentir, dans une société qui vivait en accélérée, les habitants sortant de leurs terriers et tanières pour une nouvelle journée. Je n’étais guère différent de ceux-là. Dans mon antre, rien ne trahissait la semblance de normalité étriquée de ma vie. Le temps, pourtant, y semblait avoir été suspendu, perpétuellement immobile dans une chorégraphie des années folles et des temps modernes. Un ordre éclaté semblait parcourir les pièces, comme si chacune d’entre elle était à la dérive, mais continuer d’arborer une rigidité de rangement typique. Il n’était pas rare que je comble la placidité des lieux au rythme irrégulier du gramophone.
Le lieu de ma rencontre qui avait était annoncé un jour et demi plus tôt, était un vieux café avec internet. L'endroit, aux murs délavés, était tout a son honneur, dans le même état que le reste de son environnement dégarnit. Oui, ce cybercafé avait tout d'un endroit un peu miteux et peu fréquentable, avec ses lumières clignotantes parfois, et ses cliquetis monotones de touches de clavier. Le métronome incessant des souris, et les regards parfois croisés, souvent évités. C’est ainsi que je me retrouvais dans le cybercafé, où les conversations débonnaires se disputaient aux solitaires plongés dans leurs lectures des nouvelles. Il n’était pas rare de m’y trouver, même si je me faisais discret et stoïque. Il fallait savoir jongler entre effacement et aplomb, pour qu’une image de sa propre-personne ne soit pas considérée comme une possible menace dans cette omerta.
Le petit-déjeuner fut frugal, dans l’attente de ma future cliente, tandis que je restais fidèle à mes habitudes. Il ne fallait jamais briser quelque chose d’aussi bien rôdé, les murs avaient des oreilles et les paroles des yeux, tout changement serait immédiatement noté. C’était bien la raison pour laquelle j’avais conservé certaines manies. Voir mes clients dans des cybercafés en faisait partis. Je ne restais jamais dans le même, tout comme j’avais pris un penchant certain pour ne pas rester plus de quelques heures dans mon appartement, afin de ne pas rendre suspect tout déplacement, qu’il fût de jour ou de nuit.
Le style vestimentaire était également un traître, si vous n'avez pas les bons horizons. La plupart du temps, il ne me siée guère de m'habiller en costard ou en cravate. Cela convenait davantage pour l'infiltration à l'intérieur de bureau. J'utilisais généralement une tenue simple et passe-partout, celle-là même, que je portais en ce moment. Avec un haut noir et un jean, je passais pour monsieur Toutlemonde. Ma casquette retournée bien ancré sur la tête, me donnait un air plus jeune que je ne l'étais, malgré ma barbe courte et mes cheveux rasés. La vingtaine au premier abord, est probablement l'âge que l'on me donnerait, même si je faisais actuellement le double et que mon corps, c'était arrêté au quart de ce dernier.
Le travail de mercenaire était de longue haleine, et il fallait avoir des horaires flexibles pour ne pas rater les coches. Mes contacts à Astoria étaient nombreux, mais je n’accordais pas plus de confiance à ses rats d’égouts que je ne le ferais aux membres du gouvernement. Un contrat d’envergure comme celui qui m’était désormais proposé n’était pas mon premier, mais cela restait risqué. Je n’avais pas pour habitude de jouer avec le feu, mais il fallait admettre que faire de la fumée était tentant. Accroître ma réputation était nécessaire, si je comptais poursuivre mes objectifs. Cette jeune femme formait donc une opportunité qui serait gâchée de refuser. Le rendez-vous que je lui avais donné à travers mon réseau arrivait bientôt, mais j’avais des doutes, quant à ses vraies capacités. Non pas dû à son métier ou même son sexe. Mais, plutôt que il était rare, de voir dans les hautes-sphères, quelqu’un essayer d’évincé des stars si haut-placés par simple ambition.
Il y avait généralement, une idée de vengeance… Qu’elle ne le fasse que par avarice ou par orgueil, cela était bien étrange. Ou peut-être que ses idéaux aller plus loin que le simple fait de discréditer le Général. Je le saurais bien assez tôt sans doute, je n'étais pas pressé de frayer avec des prédateurs aussi viciés, après tout.
Alexeï Karkarovish
The beast will eat the flesh you give him, but will bite the arm that gave it.