Mi-Octobre 2020
Il lui avait fallu rassembler tout son talent pour convaincre Soralya d'exposer une nouvelle fois ces œuvres. L'artiste jugeait sa collection détruite là où Josephine discernait une occasion de faire preuve de force et de dignité. Pouvaient-elles se soumettre à la volonté d'un groupe d'ignorants ? Allaient-elles réellement déclarer forfait après avoir essuyé un tel outrage ? Ce n'était pas admissible aux yeux de l'avocate. Elle offrit donc, sur un plateau d'argent, la possibilité à Soralya de répliquer. Celle-ci, portée par un caractère impétueux, n'avait pas tardé à se montrer convaincue. Elle avait remodelé ce qui devait l'être, gardant les traces de certains graffitis, faisant de ses sculptures et tableaux le témoignage exclusif de l'attaque subie. Les propositions d'achat affluèrent. Si la plus jeune s'en étonna, Josephine s'y attendait. Le malheur et la rareté d'un objet intensifiaient toujours la popularité. Nombreux étaient ceux qui, désormais, voulait posséder un vestige de cet évènement. Plus que la violence anti-super, c'était une manière de célébrer leur capacité à se relever et à s'affirmer. Elles avaient réussi la gageure de transformer une manifestation anti-super en célébration de leur existence.
En six semaines, l'équipe de l'artiste était parvenue à organiser l'évènement, ne pêchant que sur le lieu. Josephine proposa naturellement la villa d'Hillcrest Heights dans laquelle elle ne vivait plus depuis longtemps. Elle passa sa journée à accompagner les professionnels venus transformer son ancienne demeure en salle des ventes. La majorité du rez-de-chaussée fut réquisitionnée pour les festivités : l'immense vestibule, la cuisine, le salon où se tiendrait l'essentiel de la réception. La décoration initiale avait été déplacée pour permettre de trouver la juste de place qui mettrait en valeur chacune des pièces à vendre. Le lieu de l'évènement n'avait été communiqué qu'au dernier moment et aux seuls invités.
Après avoir orchestré les allées et venues des employés et laisser le reste de l'organisation à la charge de l'équipe de Soralya, Josephine s'éclipsa pour se préparer à l'étage. Ce ne fut qu'après avoir passé une robe-crayon bordeaux et s'être apprêtée qu'elle ressentit l'étrangeté d'être entre ces murs. Elle n'avait plus sa place ici ni ne ressentait aucune affection à l'égard de la bâtisse. Pourtant, elle se refusait encore à s'en séparer, la laissant vide et inanimé. Elle finit par redescendre, prête à accueillir les personnes que Soralya avait jugé bon de réinviter, tout comme les noms qu'elle avait elle-même ajoutés à la liste, dont quelques collaborateurs de Vanguard, qui ne manqueraient pas de mettre la main au portefeuille en faisant monter les enchères. Bien rapidement, les premières personnes apparurent, accueillies par des hôtesses chargées de prendre en charge leurs effets personnels. Josephine se glissa dans son rôle, venant elle-même saluer certaines de ses connaissances, les guidant avec courtoisie, usant de son charme et de son élégance pour instaurer un climat propice.
Les visages se succédèrent les uns aux autres. Petit à petit, une forme d'impatience se chevilla à elle, la forçant à faire preuve de concentration pour garder son apparence mesurée. Jusqu'à ce qu'enfin, la silhouette de Zak se dessine dans l'encadrement de la porte. Elle en perdit momentanément le fil de sa conversation avec son interlocuteur. - Oh, vraiment ? demanda-t-elle. Sa question servait l'unique objectif de se voir réentendre les propos manqués. Une fois que ce fut fait, elle put rebondir l'aisance d'un chat, puis les inviter à gagner le salon. Quand ils quittèrent son champ de vision, l'avocate se tourna pour accrocher les prunelles lagunaires du regard. Quelque chose se faufila sous sa peau, la soufflant aussitôt. Un mince sourire fleurit sur ses lèvres alors qu'elle acquerrait la certitude que cette soirée venait de gagner en intérêt. Une seconde, à peine, son expression s'était parée d'une certaine satisfaction. La tentation était trop douce pour être ignorée. Josephine ne connaissait trop bien le frisson vertigineux qui accompagnerait leurs échanges. Elle savait qu'il lirait entre ses lignes, dénouant le moindre de ses sous-entendus. Plus encore, qu'il y répondrait.
Elle releva le menton, nimbée de cette assurance qui la caractérisait. Elle rendossa son costume avec plus d'engouement. En quelques enjambées gracieuses, elle vint le saluer. - Monsieur Hayes, c'est un plaisir de vous compter parmi nous ce soir. J'espère pouvoir faire appel à votre expertise plus tard concernant une pièce parvenue en ma possession. J'ai entendu dire qu'elle avait su attirer votre attention. Peut-être pourrions-nous convenir d'un arrangement ? La sensation était terriblement envoûtante. S'il lui était légèrement moins facile de conserver une tonalité parfaitement polie, le challenge ne faisait qu'exacerber son penchant pour la prise de risque. Il la tenait en éveil, ravivant ses sens, mettant au défi son intelligence. - Je vous laisse rejoindre le salon, c'est là-bas que se déroulera la vente. S'il vous manque quoi que ce soit, n'hésitez pas à faire appel à moi. Vous êtes mon invité, ce soir.
Il lui avait fallu rassembler tout son talent pour convaincre Soralya d'exposer une nouvelle fois ces œuvres. L'artiste jugeait sa collection détruite là où Josephine discernait une occasion de faire preuve de force et de dignité. Pouvaient-elles se soumettre à la volonté d'un groupe d'ignorants ? Allaient-elles réellement déclarer forfait après avoir essuyé un tel outrage ? Ce n'était pas admissible aux yeux de l'avocate. Elle offrit donc, sur un plateau d'argent, la possibilité à Soralya de répliquer. Celle-ci, portée par un caractère impétueux, n'avait pas tardé à se montrer convaincue. Elle avait remodelé ce qui devait l'être, gardant les traces de certains graffitis, faisant de ses sculptures et tableaux le témoignage exclusif de l'attaque subie. Les propositions d'achat affluèrent. Si la plus jeune s'en étonna, Josephine s'y attendait. Le malheur et la rareté d'un objet intensifiaient toujours la popularité. Nombreux étaient ceux qui, désormais, voulait posséder un vestige de cet évènement. Plus que la violence anti-super, c'était une manière de célébrer leur capacité à se relever et à s'affirmer. Elles avaient réussi la gageure de transformer une manifestation anti-super en célébration de leur existence.
En six semaines, l'équipe de l'artiste était parvenue à organiser l'évènement, ne pêchant que sur le lieu. Josephine proposa naturellement la villa d'Hillcrest Heights dans laquelle elle ne vivait plus depuis longtemps. Elle passa sa journée à accompagner les professionnels venus transformer son ancienne demeure en salle des ventes. La majorité du rez-de-chaussée fut réquisitionnée pour les festivités : l'immense vestibule, la cuisine, le salon où se tiendrait l'essentiel de la réception. La décoration initiale avait été déplacée pour permettre de trouver la juste de place qui mettrait en valeur chacune des pièces à vendre. Le lieu de l'évènement n'avait été communiqué qu'au dernier moment et aux seuls invités.
Après avoir orchestré les allées et venues des employés et laisser le reste de l'organisation à la charge de l'équipe de Soralya, Josephine s'éclipsa pour se préparer à l'étage. Ce ne fut qu'après avoir passé une robe-crayon bordeaux et s'être apprêtée qu'elle ressentit l'étrangeté d'être entre ces murs. Elle n'avait plus sa place ici ni ne ressentait aucune affection à l'égard de la bâtisse. Pourtant, elle se refusait encore à s'en séparer, la laissant vide et inanimé. Elle finit par redescendre, prête à accueillir les personnes que Soralya avait jugé bon de réinviter, tout comme les noms qu'elle avait elle-même ajoutés à la liste, dont quelques collaborateurs de Vanguard, qui ne manqueraient pas de mettre la main au portefeuille en faisant monter les enchères. Bien rapidement, les premières personnes apparurent, accueillies par des hôtesses chargées de prendre en charge leurs effets personnels. Josephine se glissa dans son rôle, venant elle-même saluer certaines de ses connaissances, les guidant avec courtoisie, usant de son charme et de son élégance pour instaurer un climat propice.
Les visages se succédèrent les uns aux autres. Petit à petit, une forme d'impatience se chevilla à elle, la forçant à faire preuve de concentration pour garder son apparence mesurée. Jusqu'à ce qu'enfin, la silhouette de Zak se dessine dans l'encadrement de la porte. Elle en perdit momentanément le fil de sa conversation avec son interlocuteur. - Oh, vraiment ? demanda-t-elle. Sa question servait l'unique objectif de se voir réentendre les propos manqués. Une fois que ce fut fait, elle put rebondir l'aisance d'un chat, puis les inviter à gagner le salon. Quand ils quittèrent son champ de vision, l'avocate se tourna pour accrocher les prunelles lagunaires du regard. Quelque chose se faufila sous sa peau, la soufflant aussitôt. Un mince sourire fleurit sur ses lèvres alors qu'elle acquerrait la certitude que cette soirée venait de gagner en intérêt. Une seconde, à peine, son expression s'était parée d'une certaine satisfaction. La tentation était trop douce pour être ignorée. Josephine ne connaissait trop bien le frisson vertigineux qui accompagnerait leurs échanges. Elle savait qu'il lirait entre ses lignes, dénouant le moindre de ses sous-entendus. Plus encore, qu'il y répondrait.
Elle releva le menton, nimbée de cette assurance qui la caractérisait. Elle rendossa son costume avec plus d'engouement. En quelques enjambées gracieuses, elle vint le saluer. - Monsieur Hayes, c'est un plaisir de vous compter parmi nous ce soir. J'espère pouvoir faire appel à votre expertise plus tard concernant une pièce parvenue en ma possession. J'ai entendu dire qu'elle avait su attirer votre attention. Peut-être pourrions-nous convenir d'un arrangement ? La sensation était terriblement envoûtante. S'il lui était légèrement moins facile de conserver une tonalité parfaitement polie, le challenge ne faisait qu'exacerber son penchant pour la prise de risque. Il la tenait en éveil, ravivant ses sens, mettant au défi son intelligence. - Je vous laisse rejoindre le salon, c'est là-bas que se déroulera la vente. S'il vous manque quoi que ce soit, n'hésitez pas à faire appel à moi. Vous êtes mon invité, ce soir.