Davis
Comment marche ce pouvoir ? Dans n'importe quelle situation, Aaron choisit la probabilité qui l'arrangera toujours. Il peut sauter dans le vide, avancer dans un terrain miné, peu importe, il peut s'en sortir. Il utilise cependant peu ce pouvoir : à trop vouloir en abuser, le karma, le destin, le bon retour des choses, appelez le comme vous voulez, lui fait payer. En gros, la roue tourne et il devient la personne la plus poisseuse sur terre.
Il sait pas trop quoi en penser. Faut dire que ça a ses bons et ses mauvais côtés. Dévoiler leur existence, c'est pouvoir agir en tant que super héros devant le monde entier, d'un autre, ça les rend vulnérable et attise la convoitise. Deux poids, deux mesures.
Il pense que le monument devrait être à la mémoire de tous : ceux qui ont perdu la vie et ceux qui ont éviter plus de dégâts. Pourquoi les deux seraient incompatibles ?
Aaron est un grand optimiste : évidemment que ça se passe mal, parce que c'est une nouveauté, mais bientôt, les gens vivront ensemble main dans la main, les Supers et les humains ! Qu'il est mignon.
- Je sais, dis-je, une main sur mon torse bombé, on dirait pas comme ça, mais je suis plutôt chanceux. J'ai vécu des tas de trucs et je m'en suis plutôt bien sorti. J'ai vraiment du pot. C'est certainement pour ça que je suis encore célibataire...
Astoria, Southwood, 1997
- Mec, t'es sûr que c'est une bonne idée ? On est pas majeurs, ils voudront jamais.
- On va s'arranger, j'ai plus d'argent qu'il faut, peut-être que si je lui dis de garder la monnaie, il me laissera prendre les bières ?
- Aaron, c'est pas parce que ça marche dans les films que ça marche dans la vraie vie...
- Putain, t'es rabat-joie ! Vaut mieux essayer que de mourir con, non ?
- Si tu le dis...
J'entrais dans la boutique en sifflotant. Rien de plus naturel, vous en conviendrez. Je balance mes bras comme dans un far ouest et vais tout droit en direction du rayon bière. Lesquelles choisir, y en a tellement ? Je flâne un moment devant le rayon, plus stressé de choisir que de réussir à passer la caisse avec. Et cette musique est vraiment nulle. Je préfère qu'ils mettent les vieilles stations de radio avec les musiques que mes parents adorent écouter. Ils les mettent tellement à la maison que je les connais par cœur. Rien de mieux que du vieux rock ou du disco pour être de bonne humeur. Les jeunes de mon âge disent que je suis ringard. Mais je m'en fiche, je ne changerai pas mes parents pour ces idiots.
Du coup, j'ai eu beaucoup de mal à me faire des amis. Au départ, j'étais timide, donc souvent mis de côté. Ma sœur, un petit bout de femme avec beaucoup de caractère, m'a mis un coup de pied au cul. Quitte à être de côté, autant ne pas avoir honte. Alors les gens ont découvert mon humour étrange et ma joie de vivre. Et ils m'ont apprécié. Je suis plutôt populaire, maintenant, mais je garde un petit noyau d'amis qui sont aussi fidèles que moi en amitié : les frères que j'ai choisis.
Je choisis une bière un peu au hasard. Je crois l'avoir vu dans une pub hier soir. Espérons que ce soit bon. J'avance lentement vers la caisse et vois le caissier blasé, je sais déjà que je vais me faire envoyer bouler.
C'est alors qu'un homme cagoulé entre dans la boutique. Il braque une arme sur le caissier et lui demande le contenu de sa caisse. Je regarde la scène, ahuri, me demandant ce que je faisais là. Je recule lentement mais l'homme me dit de ne plus bouger. Je fais mine d'être surpris et de montrer quelque chose derrière lui. Il se retourne pour regarder et subitement, je ne réfléchissais plus : je me jetais sur ses jambes, le faisant tomber. Il tire mais sa balle ricoche sur plusieurs surfaces avant de venir se loger dans sa propre jambe. L'homme hurle de douleur. Mon ami tape dans la main contenant le pistolet pour l'en éloigner.
Le caissier fut si soulagé qui nous laissait partir avec le pack de bières pour nous récompenser, avant que les policiers n'arrivent. C'est certainement à ce moment là que je décidais de ma vocation.
- Tu vois, le truc, c'est qu'il ne faut pas agir de manière impulsive. Faut vraiment prendre le temps de te poser et réfléchir. Il faut pas faire n'importe quoi, mon vieux. T'imagine si tout le monde agissait de manière impulsive comme toi ? Dans quel monde vivrions-nous ?!
Astoria, Burton Ridge, 2011
- Les mains en l'air !
L'homme était furieux de s'être fait coincer. Il pensait qu'il pouvait agir impunément et vivre sa vie comme si de rien était. Mais il y avait eu une alerte et j'étais pas loin avec mon coéquipier, alors...
- Les mains en l'air, j'ai dit, ou je tire !
Une manière de l'intimider. Pour qu'il agisse sagement, sachant qu'il est déjà foutu. A moins que ce soit un mec aussi inconscient que moi et que, foutu pour foutu, il tente d'agir quand même. Et il semblerait qu'il fasse partie de ce genre de personnes. Pas de chance pour moi, c'était un Super. Personne ne m'avait dit que c'était un Super. En fait, c'était un peu la surprise de l'affaire. Il devint une torche vivante et courrait droit sur nous. On était entourés de voiture, un vrai cocktail molotov.
Il fallait que j'agisse rapidement avant qu'il n'y ait des blessés. J'entrais dans ma voiture sans réfléchir, démarrais en trombe et fonçais droit vers lui. Mon coéquipier, qui m'avait suivi, s'accrocha comme il put en me criant que j'étais inconscient et qu'on allait mourir. J'étais en pleine montée d'adrénaline. L'homme nous lança une boule de feu que j'évitais d'un coup de volant. La voiture percuta une pompe à incendie et une trombe d'eau en sortie, mouillant le super qui s'éteignit et ne put plus utiliser son pouvoir. Je sortis de la voiture, courus droit vers lui et le plaqua au sol.
Mon exploit fut conté dans tout le commissariat. Les Supers venaient tout juste d'être révélés et les affaires avec eux étaient encore relativement rares. Les gens ont tous cru que j'avais fait exprès de foncer dans la borne incendie et j'avais eu une médaille. J'étais plutôt fier de moi. C'est à ce moment-là qu'un collègue plutôt discret m'avait approché pour me proposer de rejoindre l'Alliance. L'une des meilleures décisions que j'ai pu prendre.
- Bon, je voudrais pas passer pour un saint. Il m'arrive d'agir de manière impulsive aussi, d'abuser des bonnes choses et me traîner un sale karma durant des jours. Ça arrive à tout le monde, faut le dire...
Astoria, Southwood, 2016
J'étais une loque. Qu'est-ce qui me prenait ? Je pensais réellement que j'avais une chance avec elle ? Certes, on s'aimait bien, certes, nous nous avions pris du bon temps, mais je savais quel était son avis sur les hommes et les relations en général. Je pensais réellement qu'elle voudrait d'une relation amoureuse avec moi ? Des jours qu'elle ne m'avait pas joint. Des jours que j'écoutais des chansons tristes en regardant dans le vide et en buvant des bières. Je traînais des pieds pour aller au boulot, je n'avais goût à rien. Alors, je m'étais dit que si j'avais un petit coup de pouce du destin, vous savez duquel je parle, je pourrais la croiser et m'excuser ? Peut-être qu'elle changerait d'avis et qu'elle finirait par accepter de partager un morceau de vie avec le boulet que je suis ?
J'avais fini par comprendre, avec les années, que lorsque j'avais des montées d'adrénaline, il m'était plus simple d'enclencher mon pouvoir. Je les maîtrisais de mieux en mieux : tout se passait presque aux ralentis. C'était comme un jeu vidéo, je voyais en quelques secondes toutes les possibilités qui pouvaient être les meilleures. Automatiquement, la meilleure était validée, aucune idée de savoir si c'était moi qui influait ou pas sur ce choix. Je supposais que oui et que c'était instinctif. Et la scène se déroulait exactement comme prévu. Les gens pensaient toujours que j'avais eu beaucoup de chance. Mais aujourd'hui, pour la première fois, j'allais aller au bout de ce pouvoir.
Durant des jours, je poussais au max mes montées d'adrénaline afin d'avoir de la chance tout au long de la journée et de pouvoir la croiser. Alors je devenais de plus en plus imprudent. J'avais même traîné des blâmes de mes supérieurs. Et petit à petit, la chance s'envola. Toutes les pires choses m'arrivaient : je me cognais sans arrêt, je cassais tout, je marchais dans les crottes de chien, je tombais dans les trous que je ne voyais pas. Jusqu'à la mission où je fus si imprudent et que je finis à l'hôpital ; une course poursuite, un tonneau, quelques mois de coma. J'avais eu comme leçon de ne plus abuser de mes capacités. Toujours agir avec parcimonie, même si ce n'était pas mon fort.
- C'est pour ça mec, qu'avant de choisir des chips, il est important de te mettre en tête le contexte. Où est-ce que tu vas les manger ? Devant ta télé ? Avec des potes ? Est-ce que la fille sur qui tu as des vus sera là ? Parce que si c'est le cas, tu oublies ceux au fromage. Si c'est entre amis, vaut mieux prendre des trucs fun avec pleins de goûts différents. J'adore les chips aux crevettes seul devant un match avec une bonne bière. Pareil ! Si tu dois choisir la bière, joue pas au con, fais pas l'ado de 17 ans à prendre la première bière que t'as vu à la pub qui est en fait la plus dégueulasse du rayon.
Mon coéquipier et moi, toujours dans nos uniformes, faisions nos courses. Dix minutes qu'on était plantés là. Le mec allait faire l'erreur de sa vie, il allait choisir un paquet de chips comme on choisit un paquet de PQ. Quoi, que même le PQ, c'est discutable. Heureusement que je suis là.
- Putain, mec, t'es lourd. Je peux faire mes courses tranquille ?
- Lenny, vraiment, c'est sérieux. Pourquoi personne me prend jamais au sérieux ? Tu t'es foutu de ma gueule la dernière fois qu'on parlait de hamburger !
- Personne n'aime les cornichons, t'es le seul mec bizarre qui aime ça.
- Oh, va te faire foutre, mec.
Pseudo/prénom Sherinn Age 26 ans Pays France Commentaire Et c'est reparti ! Autres comptes Nora Williams Crédits rasberry-panda
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[b]Chris Pratt[/b] @"Aaron J. Davis"
[b]Policier[/b] @"Aaron J. Davis"
Si super : (autrement effacez)
[b]Manipulation des probabilités[/b] @"Aaron J. Davis"
[b]Lucky[/b] aka @"Aaron J. Davis"