La ponctualité était une valeur importante pour Josephine. Elle s'arrangeait toujours pour être à l'heure à ses rendez-vous, s'assurant parfois d'une légère avance pour flatter au besoin son interlocuteur. Être en retard constituait une forme d'échec, une impolitesse intolérable, véritable pied de nez à sa réputation. Droite sur la banquette arrière d'un taxi hors de prix, l'avocate regardait distraitement le soleil finir sa course dans le port. Son apparente tranquillité n'était troublée que par le tapotement régulier de ses ongles sur sa cuisse. Stupide éditeur ! À cause de lui, elle avait déjà cinq bonnes minutes de retard, et les embouteillages de fin de journée influençaient grandement le temps de trajets. Quelle idiotie tout de même ! Exiger de l'avoir elle, au téléphone, pour se plaindre des dérives de sa cliente en exigeant qu'elle arrange tout immédiatement. Si elle n'avait pas tardé à lui faire ravaler son arrogance, tout en délicatesse, elle n'avait fait que contenir son agacement. D'une manière ou d'une autre, celui-ci ressurgissait. Le feu passa de nouveau au rouge, forçant la voiture à se mettre à l'arrêt.
Josephine soupira. C'en était assez. Elle tira un billet de son sac et le tendit au chauffeur. - Pour votre course. Vous pouvez garder la monnaie. Je descends, ici. Il l'observa à travers le rétroviseur, un peu hébété, avant de chercher à la raisonner sous prétexte que la 5th avenue était envahie de véhicules. De véhicules à l'arrêt. Qu'y avait-il à craindre ? L'avocate le salua d'un sourire avant de s'extraire de l'habitacle. Elle sinua entre les capots, droite et fière, sans s'intéresser le moins du monde aux remarques qu'on aurait bien pu lui faire. Aujourd'hui, elle n'avait pas envie d'obéir aux conventions. Un vent de révolte soufflait doucement au fond de son ventre.
Quelques minutes plus tard, elle pénétra enfin dans un bar à cocktail huppé de Burton Ridge. Ses yeux fouillèrent la salle jusqu'à repérer un jeune homme, un peu à l'écart de la foule animée. Elle le rejoignit d'un pas décidé, un sourire aux lèvres. Une fois à distance respectable, elle vint l'embrasser sur la joue en s'excusant. - Pardonne mon retard, un éditeur m'a appelé pour me rapporter les dernières frasques d'une de mes clientes. La conversation a été plus longue qu'espérée. Tout en se délestant de sa veste, elle poursuivit. - Il a haussé le ton sur moi, Andrew. La douceur de sa voix camouflait sans mal la colère refoulée qui menaçait d'éclater une nouvelle fois. Elle évoquait ce détail comme s'il relevait de la plus haute importance. Il justifiait en tout cas qu'elle ait dû prendre le temps de remettre cet homme à la place qui lui était due. Elle n'était pas le genre de femme de qui on exigeait quoi que ce fût. Ses lèvres se pincèrent, très légèrement, seul indice de sa contrariété. - De plus, il m'a mise en retard. Elle leva les yeux au ciel avant de secouer la tête, comme pour oublier ce désagréable incident. - J'ose espérer que ta journée a été meilleure que la mienne. Comment-vas-tu, Andrew ?
Déjà, une serveuse s'approchait d'eux pour prendre leur commande. Josephine opta pour un martini, estimant qu'un peu de légèreté ne lui ferait pas de mal. Au départ de la jeune femme, elle reporta toute son attention sur son banquier, devenu ami au fil du temps. - Tu es très élégant, ce soir. Quelqu'un t'attendrait-il plus tard ? Son expression se teinta de malice, plus amusée par la possibilité que réellement inquiète à l'idée d'être abandonnée plus tôt.
Josephine soupira. C'en était assez. Elle tira un billet de son sac et le tendit au chauffeur. - Pour votre course. Vous pouvez garder la monnaie. Je descends, ici. Il l'observa à travers le rétroviseur, un peu hébété, avant de chercher à la raisonner sous prétexte que la 5th avenue était envahie de véhicules. De véhicules à l'arrêt. Qu'y avait-il à craindre ? L'avocate le salua d'un sourire avant de s'extraire de l'habitacle. Elle sinua entre les capots, droite et fière, sans s'intéresser le moins du monde aux remarques qu'on aurait bien pu lui faire. Aujourd'hui, elle n'avait pas envie d'obéir aux conventions. Un vent de révolte soufflait doucement au fond de son ventre.
Quelques minutes plus tard, elle pénétra enfin dans un bar à cocktail huppé de Burton Ridge. Ses yeux fouillèrent la salle jusqu'à repérer un jeune homme, un peu à l'écart de la foule animée. Elle le rejoignit d'un pas décidé, un sourire aux lèvres. Une fois à distance respectable, elle vint l'embrasser sur la joue en s'excusant. - Pardonne mon retard, un éditeur m'a appelé pour me rapporter les dernières frasques d'une de mes clientes. La conversation a été plus longue qu'espérée. Tout en se délestant de sa veste, elle poursuivit. - Il a haussé le ton sur moi, Andrew. La douceur de sa voix camouflait sans mal la colère refoulée qui menaçait d'éclater une nouvelle fois. Elle évoquait ce détail comme s'il relevait de la plus haute importance. Il justifiait en tout cas qu'elle ait dû prendre le temps de remettre cet homme à la place qui lui était due. Elle n'était pas le genre de femme de qui on exigeait quoi que ce fût. Ses lèvres se pincèrent, très légèrement, seul indice de sa contrariété. - De plus, il m'a mise en retard. Elle leva les yeux au ciel avant de secouer la tête, comme pour oublier ce désagréable incident. - J'ose espérer que ta journée a été meilleure que la mienne. Comment-vas-tu, Andrew ?
Déjà, une serveuse s'approchait d'eux pour prendre leur commande. Josephine opta pour un martini, estimant qu'un peu de légèreté ne lui ferait pas de mal. Au départ de la jeune femme, elle reporta toute son attention sur son banquier, devenu ami au fil du temps. - Tu es très élégant, ce soir. Quelqu'un t'attendrait-il plus tard ? Son expression se teinta de malice, plus amusée par la possibilité que réellement inquiète à l'idée d'être abandonnée plus tôt.