SUMMER DAYS DRIFTING AWAY
De la thune, y a toujours moyen de s’en faire. Quand les temps sont durs, que les clients ne décrochent plus leur téléphone et que la ville se couche tôt, il faut savoir avaler son honneur et prendre un job à mi-temps. Avec le loyer d’Irina à payer, il n’a de toute façon pas vraiment le choix - et puis, il est habitué à ce genre de corvées, pas assez diplômé pour espérer plus : ce soir, il sera donc livreur ( de plats à emporter, cette fois-ci. Moins glamour que la came ).
Un sac de bouffe chinoise sur la plage arrière, une caisse qui empeste la sauce aigre-douce, il roule comme si les rues lui appartenaient. Il faut dire qu’il n’y a pas âme qui vive sur la deux voies, comme si la vie avait voulu lui rendre cette soirée plus douce, alors il peut foncer, faire crisser les pneus de sa vieille auto et slalomer entre d’invisibles obstacles ( pas de témoins, pas de problème ! ). Pas de patron au cul non plus, juste un téléphone qui bip, affichant une pléthore de noms et autant d’adresses. Mais pour l’instant, il est sur le dossier d’un certain Taylor, petite fourmi de Burton Ridge. Encore un de ces hommes d’affaire friqués qui se commande deux trois plats exotiques pour sortir de la monotonie du quotidien, se dit Ilya. Au moins, il tipsera peut-être bien.
Il quitte la route pour rejoindre les rues sinueuses d’un quartier guindé, toujours au volant, puis, à pied. Un sac en papier craft à moitié déchiré à la main, il erre au milieu des buildings, bêtes de fer et de verre qui lui collent un sacré vertige. Comme une tache dans le paysage, il dénote avec le luxe et le bon goût ambiant. Mais encore une fois, on ne peut pas dire qu’il y ait vraiment foule dehors, pas d’embarras possible, donc. Et puis, il est de toute façon trop occupé à chercher la fameuse sonnette sur laquelle le nom “Taylor” pourrait être apposé pour franchement en avoir quelque chose à faire.
Première nouvelle, alors que ses yeux fixent sur une étiquette de papier jaunie : Taylor, c’est un nom de famille. ”H. Taylor”. Ilya fronce les sourcils, comme si quelques souvenirs tâchaient d’attirer son attention depuis les limbes de sa mémoire - en vain. Juste une impression de déjà-vu, se dit-il. Bref. Il fait crier la sonnette, attend une réponse, puis demande qu’on lui ouvre d’un ton terriblement désabusé. C’est une voix féminine qui lui répond, et de nouveau, cette impression d’étrange familiarité s'immisce en lui. Mais il fait barrage : il fait taire son esprit en l’endormant avec quelques pensées idiotes. Monsieur doit juste être bien accompagné. Au moins, certains s’amusent ce soir.
Petit voyage dans l’ascenseur et le voilà déjà arrivé à destination. La porte est ouverte, courtoisie qu’Ilya ne peut s’empêcher d'apprécier ( plus vite livré, plus vite parti, il n’aura pas à attendre que le maître des lieux daigne traverser ses quatre cent mètres carrés habitables pour venir récupérer son dû ). Mais un pied dans son appartement, l’autre dans la cage d’escalier, ce n’est pas un type fané dans un costume trois pièces qui attend patiemment son plat...Ses yeux trahissent son identité, fantôme d’un passé trop heureux pour être remémoré. Il reconnaît ce visage impeccablement encadré par quelques boucles couleur miel et cet air d'espièglerie qui a hanté un été d’adolescent ( peut-être le meilleur, et de loin. Ou le pire ? son cœur brisé ne saurait trop dire. ). Il cligne les yeux, ne sachant trop s’il rêve ou s’il délire, car devant lui se tient Harper, une ex qu’il regrette depuis le lycée.
— Nooooooooooon” Incrédule, il laisse traîner la note, un sourire gêné accroché aux lèvres. Il ne sait toujours pas s’il se trompe, ou si cette apparition n’est qu’un mirage, mais quoiqu’il en soit, la situation est cocasse. — Harper Taylor ? Tu me reconnais ? C’est -” Les portes métalliques de l’ascenseur se referment sur lui avant qu’il ait pu terminer sa phrase. Quelques jurons résonnent dans le couloirs alors qu’il se dépêtre de cette cage de fer, tâchant de mettre rapidement fin à son propre embarras en passant à autre chose. — J’pensais que t’avais quitté Astoria pour de bon. Qu’est-ce que tu fais ici ?”
Oui, il la pensait partie depuis longtemps - et surtout, très loin. Harvard avait fait son œuvre et avait mis fin à une histoire plutôt sympathique qu'Ilya aurait aimé ne jamais enterrer - un de ces amours d'été qui met le feu à votre âme et votre mémoire. Certes, entre temps, il était passé à autre chose, mais croyez-moi, on oublie jamais quelqu'un qu'on a aimé comme ça ! Malgré toute le mélodrames que son départ avait pu causer, la voir ici, aujourd'hui, lui inspire plus de joie que de peine - les années passées ont certainement pansé quelques de ses blessures, lui permettant de ne retenir que le meilleur de cette histoire.
— Ah. Tiens, d'ailleurs, c'est pour toi.” Il lui tend sa commande, après avoir presque oublié la raison de sa venue ici ( à croire que les neurones viennent à lui manquer ). — En tout cas j'imagine qu'Harvard, ça a payé.” Ses yeux se perdent dans le décor lustré de cet immeuble guindé, soulignant de son regard une architecture impeccable. Au moins, l'un d'entre eux a réussi à percer.
Un sac de bouffe chinoise sur la plage arrière, une caisse qui empeste la sauce aigre-douce, il roule comme si les rues lui appartenaient. Il faut dire qu’il n’y a pas âme qui vive sur la deux voies, comme si la vie avait voulu lui rendre cette soirée plus douce, alors il peut foncer, faire crisser les pneus de sa vieille auto et slalomer entre d’invisibles obstacles ( pas de témoins, pas de problème ! ). Pas de patron au cul non plus, juste un téléphone qui bip, affichant une pléthore de noms et autant d’adresses. Mais pour l’instant, il est sur le dossier d’un certain Taylor, petite fourmi de Burton Ridge. Encore un de ces hommes d’affaire friqués qui se commande deux trois plats exotiques pour sortir de la monotonie du quotidien, se dit Ilya. Au moins, il tipsera peut-être bien.
Il quitte la route pour rejoindre les rues sinueuses d’un quartier guindé, toujours au volant, puis, à pied. Un sac en papier craft à moitié déchiré à la main, il erre au milieu des buildings, bêtes de fer et de verre qui lui collent un sacré vertige. Comme une tache dans le paysage, il dénote avec le luxe et le bon goût ambiant. Mais encore une fois, on ne peut pas dire qu’il y ait vraiment foule dehors, pas d’embarras possible, donc. Et puis, il est de toute façon trop occupé à chercher la fameuse sonnette sur laquelle le nom “Taylor” pourrait être apposé pour franchement en avoir quelque chose à faire.
Première nouvelle, alors que ses yeux fixent sur une étiquette de papier jaunie : Taylor, c’est un nom de famille. ”H. Taylor”. Ilya fronce les sourcils, comme si quelques souvenirs tâchaient d’attirer son attention depuis les limbes de sa mémoire - en vain. Juste une impression de déjà-vu, se dit-il. Bref. Il fait crier la sonnette, attend une réponse, puis demande qu’on lui ouvre d’un ton terriblement désabusé. C’est une voix féminine qui lui répond, et de nouveau, cette impression d’étrange familiarité s'immisce en lui. Mais il fait barrage : il fait taire son esprit en l’endormant avec quelques pensées idiotes. Monsieur doit juste être bien accompagné. Au moins, certains s’amusent ce soir.
Petit voyage dans l’ascenseur et le voilà déjà arrivé à destination. La porte est ouverte, courtoisie qu’Ilya ne peut s’empêcher d'apprécier ( plus vite livré, plus vite parti, il n’aura pas à attendre que le maître des lieux daigne traverser ses quatre cent mètres carrés habitables pour venir récupérer son dû ). Mais un pied dans son appartement, l’autre dans la cage d’escalier, ce n’est pas un type fané dans un costume trois pièces qui attend patiemment son plat...Ses yeux trahissent son identité, fantôme d’un passé trop heureux pour être remémoré. Il reconnaît ce visage impeccablement encadré par quelques boucles couleur miel et cet air d'espièglerie qui a hanté un été d’adolescent ( peut-être le meilleur, et de loin. Ou le pire ? son cœur brisé ne saurait trop dire. ). Il cligne les yeux, ne sachant trop s’il rêve ou s’il délire, car devant lui se tient Harper, une ex qu’il regrette depuis le lycée.
— Nooooooooooon” Incrédule, il laisse traîner la note, un sourire gêné accroché aux lèvres. Il ne sait toujours pas s’il se trompe, ou si cette apparition n’est qu’un mirage, mais quoiqu’il en soit, la situation est cocasse. — Harper Taylor ? Tu me reconnais ? C’est -” Les portes métalliques de l’ascenseur se referment sur lui avant qu’il ait pu terminer sa phrase. Quelques jurons résonnent dans le couloirs alors qu’il se dépêtre de cette cage de fer, tâchant de mettre rapidement fin à son propre embarras en passant à autre chose. — J’pensais que t’avais quitté Astoria pour de bon. Qu’est-ce que tu fais ici ?”
Oui, il la pensait partie depuis longtemps - et surtout, très loin. Harvard avait fait son œuvre et avait mis fin à une histoire plutôt sympathique qu'Ilya aurait aimé ne jamais enterrer - un de ces amours d'été qui met le feu à votre âme et votre mémoire. Certes, entre temps, il était passé à autre chose, mais croyez-moi, on oublie jamais quelqu'un qu'on a aimé comme ça ! Malgré toute le mélodrames que son départ avait pu causer, la voir ici, aujourd'hui, lui inspire plus de joie que de peine - les années passées ont certainement pansé quelques de ses blessures, lui permettant de ne retenir que le meilleur de cette histoire.
— Ah. Tiens, d'ailleurs, c'est pour toi.” Il lui tend sa commande, après avoir presque oublié la raison de sa venue ici ( à croire que les neurones viennent à lui manquer ). — En tout cas j'imagine qu'Harvard, ça a payé.” Ses yeux se perdent dans le décor lustré de cet immeuble guindé, soulignant de son regard une architecture impeccable. Au moins, l'un d'entre eux a réussi à percer.
Vanka