The war inside
La nuit, confidente langoureuse des secrets gardés, avait accompagné nombreuses de mes insomnies attentives. Parfois jusqu’à l’aube d’une matinée sanglante, souvent jusqu’aux griffes obscures des sombres heures frontalières aux aurores timides. Le sommeil, créature farouche, peinait à être domptée par mon corps accablé, le fuyant comme une proie agitée par une anxiété dévoyée. Lentement, mais sûrement, comme un nuage d’orage, mon esprit finit par être couvert d’un voile opaque, m’enchaînant aux brumes étriquées de mémoire étiolées. C’est un silence détonnant qui psalmodie dans une obscurité morbide, à mes heures troublées. Avec la tourmente de souvenirs abyssaux, vient l’accablante vérité, sur ma personnalité écœurante et écœurée. Et quand enfin la narcose, délivrance d’un éveil affligé, se ressent tout entière, c’est une Bête bien plus pernicieuse qui mord alors l’épiderme buriné de ma peau bronzée.
Avec les saisons, les sensations s’anesthésient aux douleurs acycliques, comme une habitude forcée. Les heures, grains de sable dans les rouages abreuvés de sang, les mécanismes oxydés par des années d’amnésies patibulaires des autorités compétentes. Et, sous la chape de plomb d’un sommeil angoissé, encore plus rares sont les crépuscules absolus de mon inertie hablée. Le bât blesse avec la discorde spirituelle et corporelle, comme un solfège dissonant aux accords mal formés. Une difformité agressive, dont la fièvre funeste n’offrait que peu de kief au seuil des journées allongées. Il était donc sans surprise, que cette infection néfaste, ce soit doublé avec le sablier du temps, d’un poison plus libidineux. Une éthérisation, dans ce naufrage qu’était mon existence, un soulagement artificiel, d’un deuil qui n’avait jamais vraiment était achevé. Avec la purulence de la boisson, s’ajoutait la calamité du découragement, un chaos terrible, dont je n’en ressortais jamais entier, si ce n’était plus reposé.
Cette semblance de clarté revenait toujours au prix d’une migraine malvenue. Aujourd’hui, n’était pas plus différent des précédentes soirées éphémères, passées aux confins d’une fausse et relative quiétude affligée. Panda s’était retirée pour la nuit dans notre chambrée commune, son nid douillé déjà bien plus usé que mon lit ne le sera jamais. Mon canapé souffrait déjà des symptômes dignes d’une soirée trop arrosée, la table basse envahie des derniers assortiments d’éthanol. Quant à moi, je poursuivais désormais mon pastiche hideux du Radeau de la Méduse, échoué sur mon siège, achevant de m’ébrécher le peu de conscience qu’il me restait. Ruminant sur des choix passés, des décisions imparfaites et comme à mon habitude, le cauchemar éveillé qu’avait été ma vie.
Vue brouillée, bravoure éventée, il ne restait désormais, que la coquille éclatée d’une gigantesque déception personnifiée. Si je n’étais pas en pleine destruction de ma Persona, j’aurais probablement rit, du ridicule de la situation.
Alexeï Karkarovish
The Beast thee ask, "wish thou painful death, for a living of opulence ?"
The Lord answered, "Thou not my sheep, return to the land you seek"