Une nouvelle recrue ?

La nouvelle n'était pas passée inaperçue pour Charlie, qui suivait les nouvelles de l'Astoria Post avec une certaine assiduité, entre deux clients au cabinet vétérinaire ou le matin en prenant son petit-déjeuner. Dans tous les cas, elle n'avait pas manqué celle sur la fameuse spiderwoman recherchée par les Lasers, l'équipe de baseball de la ville, et avait aussitôt fait le rapprochement avec Maya. Elle n'avait d'ailleurs plus eu de nouvelles de la super sportive depuis un moment, et c'était l'occasion idéale pour en prendre et la revoir...

La bouclée venait donc de débarquer devant chez son amie, observant un instant la façade de son immeuble en hésitant à l'escalader comme Maya lui avait appris, avant de souffler un rire et de finalement sonner en bas de l'immeuble. Dès que la porte lui fut ouverte, elle grimpa tranquillement les escaliers pour parvenir au deuxième étage. Dès que Maya fut dans son angle de vision, elle accéléra pour franchir le seuil de l'appartement et lui embrasser la joue.

Hey, ça faisait un moment ! Comment vas-tu Madame la future entraîneuse des Lasers ? C'est fou quand même cette annonce ! Tu vas bien ?

La jeune femme refréna son enthousiasme tant bien que mal, se retenant de sautiller sur place pour entraîner au plus vite l'autre femme avec elle jusqu'au stade... Ce n'était pas tous les jours que l'équipe locale cherchait ainsi à recruter quelqu'un et Charlie éprouvait un véritable élan de joie pour son amie rien qu'à l'idée de cette formidable opportunité...

J'ai commandé un Uber d'ici un quart d'heure pour aller au stade ! T'es prête ?

Voir les peurs des autres en les touchant c'est une chose. En faire des cauchemars lorsqu'elle essaie de dormir en est une autre. Éviter de dormir le plus possible en est une autre aussi. Maya peut les accepter. C'est chiant, très chiant, mais cela peut assez bien se gérer. Par contre, faire des cauchemars éveillés, c'est quelque chose à quoi elle a bien du mal à s'habituer. Cette impression de perdre tous ses repères, de ne pas pouvoir se contrôler, de devoir se concentrer sur n'importe quoi pour essayer de reprendre ses esprits... ça, elle n'aime pas du tout. Et pas seulement parce qu'elle reste chez elle sans ne rien faire, mais parce qu'elle ne se sent pas non plus elle. Cela a arrêté la veille, et autant elle a éprouvé le besoin de sortir et de bouger, autant elle a eu besoin de se reposer, la tête surtout. Une fatigue plus psychologique que physique, pour une rare fois. Elle s'est donc reposée, prenant un bain moussant, lisant, essayant de redevenir humaine un peu, de pouvoir se sentir elle-même.

Elle compte sortir lorsqu'elle entend la sonnerie, elle n'attend personne, mais elle ouvre pareil. Elle a peut-être oublié, cela lui arrive parfois. Quelque instant plus tard, elle ouvre la porte et voit Charlie. Elle lui sourit, la serre dans ses bras. « Hey, Charlie !» Et elle hoche ensuite la tête : oui, un moment. « Quoi ?! » Qu'est-ce qu'elle dit là ? « Le stade ? » Hein ? Quoi ? Comment ? Où ? Pourquoi ? « J'ai manqué quoi ? » Plein de choses suppose-t-elle. « J'ai eu... les effets secondaires de mon pouvoir, j'ai perdu la carte un peu. » rajoute-t-elle, quelque instant plus tard. Elle n'a pas vraiment porté attention aux actualités, mais elle se dit qu'elle aurait sûrement su un truc comme ça. On l'aurait contacté, non ?

La bouclée eut un froncement de sourcils, observant en même temps son amie qui ne semblait pas au mieux de sa forme. Maya lui donna en même temps les explications de cet air fatigué qu'elle arborait, et la jeune femme se sentit brusquement inquiète et peinée d'en découvrir les raisons. Alors elle rangea son engouement dans un coin de son esprit, sortit son smartphone de son sac et pianota dessus jusqu'à retrouver l'article en question et de tendre l'écran vers Maya.

Les Lasers t'ont repérée ! Je ne sais pas qui t'as vu grimper ni où, mais ça leur a plu ! Ca pourrait être sympa d'y aller et de voir ce qu'ils te proposent, non ?

Elle eut un sourire doux, ses doigts se posant sur le bras de la jeune femme, prenant bien soin d'éviter ses mains.

Mais si tu préfères, j'annule et on reste là tranquillement. Ca t'était déjà arrivé ? Tu te sens comment ? Si tu as besoin que je te fasse quelque chose, tu me le dis hein ! Je peux cuisiner ou ranger, ou aller te faire des courses ! Ca me dérange pas, hésite pas !

Si Maya avait besoin de récupérer des trucs encombrants, elle pourrait même appeler Audrain pour s'arranger avec sa voiture après tout. Ou l'emmener chez un médecin, même si Charlie ne savait pas trop s'il y en avait de suffisamment spécialisé avec les supers pour ce genre de soucis... Surtout qu'en ce moment avec ces histoires de poussière de météorite, c'était un coup à ce qu'il se montra soupçonneux et prévint l'agence EVA pour des tests... Pas l'idée du siècle, en somme.

Quelqu'un d'autre est au courant ?

Charlie sort son téléphone et quelque instant plus tard lui montre un tweet parlant d'elle. Enfin, elle n'est pas nommée, mais c'est d'elle. Il n'y a pas beaucoup de femme araignée ici, elle n'en a pas croisé... et dire qu'ils pensent que c'est une Super. Elle est juste entrainée et se débrouille très bien. Par contre, elle ne voit pas trop qu'elle est cette équipe. « Les Lasers ? » Les Lasers. Les Lasers. Euh... cela lui dit vaguement quelque chose, mais elle n'arrive pas à savoir ils font quels sports. « C'est une équipe de quoi ? » Cela ne lui dit rien du tout. Il est vrai que si elle aime faire du sport, elle aime moi rester immobile et le regarder. Elle n'aime pas vraiment être immobile. Alors, elle n'est pas du genre à aller dans les stades ou aréna ou peu importe où on peut aller voir des équipes.

Lorsque Charlie pose sa main sur son bras, Maya s'aperçoit qu'elle n'a pas ses gants. Rien d'anormal, elle les porte rarement chez elle. Elle fait un mince sourire à la jeune femme tout en secouant la tête. « Merci... mais ça va. J'me suis reposée, mais là, j'vais devoir sortir... j'ai envie de bouger. » qu'elle lui répond, tout en marchant pour aller mettre des gants afin d'éviter tout incident. Elle ne le souhaite pas à son amie, tout comme elle ne se le souhaite pas plus. « Ça m'est déjà arrivé quelque fois, ça arrive sans prévenir. C'est... mes cauchemars m'apparaissent quand j'suis réveillée, j'peux pas les éviter ou me réveiller comme j'le suis déjà. » Moment qui est loin d'être agréable. « C'est passé, j'préfère pas trop y penser... » Ce n'est pas très agréable. Elle secoue la tête, lève sa main dans les airs et la bouge un peu : pouf ! Disparu ! « EVA est au courant de mes... euh... crises... ma mère et ma sœur, quelques autres personnes aussi, car elles ont été témoins ou ont posé des questions plus poussées sur mon pouvoir... j'en parle pas, c'est pas très joyeux. » C'est aussi décourageant. « C'est pas toi... c'est juste que le vivre c'est assez. » Raison pour laquelle elle ne lui en a pas parlé. « J'veux bien aller voir les Lasers... mais je sais que je suis pas au top de ma forme... puis bon, le baseball c'est pas vraiment un sport. » Faut attendre, courir un peu, et c'est tout. Assez calme.

Tout en écoutant les explications de Maya, la bouclée ne put s'empêcher de ressentir une vague d'empathie l'envahir pour la jeune femme. Entre son pouvoir et les cauchemars que cela lui procurait, son amie ne devait pas avoir une vie facile tous les jours. Et Charlie comprenait fort bien comme cela devait être épuisant, et handicapant, d'une certain façon. Elle respecta toutefois le choix de la sportive et ne lui posa pas plus de questions, reprenant un air plus enjoué afin d'apporter la dose de bonne humeur nécessaire à la jeune femme.

Tu leur diras que ce n'est pas vraiment un sport, ils vont adorer !

Elle lui lâcha un clin d'oeil, pouffant de rire en même temps. Elle-même supportait les Meteors, préférant largement le hockey au baseball, mais l'occasion était toutefois belle et surtout originale d'en apprendre un peu plus sur le club. Peu importait la décision de Maya au final, ce serait une aventure qui les changerait un peu, bien que Charlie se doutait qu'elle avait dû vivre des trucs bien plus excitants du temps où elle était cascadeuse.

Prépare toi alors ! On fera une photo au pire, ça fera un souvenir !

Dès que son amie eut récupéré ses affaires, Charlie l'entraina en bas de l'immeuble -par les escaliers- où les attendait la voiture commandée. Rapidement, elles se retrouvèrent en route pour le stade de Hillcrest Heights, bien loin de leurs habitudes de Southwood...

Je crois que j'ai pas mis les pieds là bas depuis... quinze ans. Mon père m'y avait emmenée une fois ou deux. Tu y as déjà été toi ?

Maya ne sait jamais si elle doit aborder tous les désagréments que lui apportent son pouvoir ou non. Cela tue facilement une ambiance et parfois le regard change aussi. Ce qu'elle ne veut pas qui arrive, elle n'a pas envie de susciter de la pitié ou de la peur encore plus. L'arrivée de son pouvoir est nouvelle aussi pour elle, même pas deux ans encore. Il s'est calmé face au début, mais elle a tout de même accumulé beaucoup de visions de toutes sortes. Plus celles qu'elle peut avoir de temps à autre, peu importe à quel point elle fait attention, ses gants ne sont pas infaillibles, il y a des tissus plus résistants que d'autres, du cuir aussi, mais les incidents cela arrivent. Rarement, elle l'utilise pour se défendre, habituellement elle arrive à se déprendre de cette sorte de situation sans trop de problème ou bien à partir rapidement par les airs. Ce qui la ramène aux Meteors et à leur offre un peu étrange selon elle. « Je pense pas... » C'est une très mauvaise idée, mais elle risque de la dire sans faire exprès.

Elle hoche la tête et va ensuite se préparer. Rien de bien compliqué, jean, débardeur et elle est prête. Elle ne porte pas trop attention à ce qu'elle peut mettre, mais son pyjama montre bien que c'est un pyjama avec les écritures dessus et ce n'est pas non plus ce qu'il y a de plus confortable et ce qui permet de bouger le mieux. Elles descendent les escaliers et embarquent dans une voiture. « Non, jamais. » Pour faire quoi ? Aller regarder un sport qui n'est pas un sport ? Elle a autre chose à faire. « Et toi, ça va sinon ? » Parce qu'elle vient de réaliser qu'elle ne lui a pas demandé avec son état et le baseball.

Le paysage qui défilait sous leurs yeux devenait de plus en plus luxueux, propre, soigné, entretenu, moderne. Charlie se demandait comment Hillcrest Heights et Southwood pouvaient être des quartiers de la même ville tant ils paraissaient différents. Elle balaya toutefois ses pensées à la question de Maya, tournant son visage vers son amie, un large sourire illuminant ses traits.

Oui oui ! Tout va bien vraiment bien en ce moment... J'aimerai que ça reste éternellement comme ça !

Evidemment, sa relation avec Audrain n'y était pas étrangère. C'était la part la plus agréable de sa vie, même si ses virées avec ses amis ou son boulot en constituaient des morceaux qu'elle adorait également. Mais avec le brun elle redécouvrait une vie à deux, une certaine légèreté, et elle n'était toujours pas redescendue du nuage cotonneux sur lequel il l'avait installée comme une princesse.

Je crois qu'on arrive !

Des étendards aux couleurs des Lasers flottaient au vent au bout de hauts poteaux, signalant l'entrée du complexe réservé à l'élite du baseball. L'excitation et la curiosité de la jeune femme montèrent d'un cran, dont les yeux dévoraient l'ensemble du regard. Peu importait la finalité de cette journée, être simplement là l'amusait follement. La voiture se gara près d'un grand bâtiment orné du symbole de l'équipe, et après avoir remercié et payé le chauffeur, la bouclée sortit en compagnie de Maya.

Prête ? Je pense que le plus simple est d'aller à l'accueil directement. Tu te sens de leur montrer ce que tu sais faire s'ils te demandent ?

Maya sourit à Charlie, contente pour elle. Pas de jalousie ou d'envie, tant mieux si tout va bien. Il faut en profiter le temps que cela dure. Quelques minutes plus tard, elles arrivent au stade qui est bien grand et qui lui donne l'envie soudaine de le grimper. Peut-être plus tard. Elle remercie le chauffeur, débarque de la voiture et commence à se diriger vers l'une des portes lorsque la jeune femme lui demander si elle est prête et si elle se sent capable de montrer ce qu'elle est capable de faire. « Hum... » Elle fait finalement quelques pas de ballet, rien de bien professionnel (elle ne fait pas ça depuis qu'elle a trois ou quatre ans). On peut reconnaître, en quelque sorte, des sauts de chat et une pirouette (pas très balletesque par contre, mais l'intention est là), tout en essayant de garder un beau port de bras. « Je me suis trompée de b, c'est ça ? » Baseball, ballet... presque pareil. Elle se met à rire. « Ça devrait aller... au pire ils vont croire que c'est pas moi. C'est pas grave... comme j'ai pas vraiment envie d'être leur entraineuse. » Surtout pour un faux sport. Tout ça pour se changer les idées un peu.

Elle fait un clin d'œil à la jeune femme et se dirige d'un bon pas vers ce qui semble être l'accueil. Il n'y a personne. Bon, rien d'anormal. À cette heure, il ne doit pas y avoir de spectateurs. Plus loin par contre, elle voit des agents de sécurité, elle se dirige vers ces derniers. « Hey... je viens à propos du tweet sur la femme araignée. » Les deux agents échangent un regard. « Et elle ? » demande le plus grand (avec sa taille, presque tout le monde est grand, mais lui il est vachement grand). « C'est mon agente. » qu'elle répond, ne se laissant pas impressionner (il lui en faut plus pour que cela arrive). Après tout, elle dit la vérité, en quelque sorte, une agente ça sert à chercher du travail, non ? Elle fait ensuite un sourire angélique, cligne des yeux. « Vous êtes la sixième depuis alors... » Elle cligne des yeux cette fois, surprise. « Oh ! » Ils n'ont pas besoin d'elle alors. C'est peut-être le bon moment pour reculer.

La bouclée regarda danser son amie, riant à moitié, hésitant presque à se lancer avec elle. Sauf que si elle se mettait à danser, Charlie ne s'arrêterait plus, et les filles n'étaient pas là pour ça. Après peut-être... La métisse laissa Maya se présenter, retenant un rire quand elle la désigna comme son agente. Les deux hommes n'étaient assurément pas dupes, et leur annonça d'ailleurs que Maya était loin d'être la première à se présenter. Sentant la jeune femme prête à se dérober, Charlie lui donna un petit coup de coude avant de reporter son attention sur les vigiles, battant à peine des cils et agrémentant sa voix d'un sourire minaudier :

Mais c'est elle, la vraie spider-woman ! Ca serait vraiment gentil de votre part si vous pouviez nous indiquer les personnes qui veulent la rencontrer... Cela semblait vraiment important. Vous imaginez s'ils ne rencontrent que des usurpateurs alors qu'elle est venue ensuite ?

Son sourire s'élargit, toujours charmant. Ce qu'il ne fallait pas faire... L'un des hommes finit par céder, leur indiquant un couloir.

Allez c'est bon... Au fond à droite. Bonne journée, mesdemoiselles.

Charlie les remercia chaleureusement avant de glisser son bras sous celui de Maya pour l'entrainer avec elle. Pas question de reculer maintenant qu'elles étaient là ! Dans un murmure, elle souffla à la jeune femme :

Ca pourra au moins faire parler du parkour, même si tu refuses... Et oublies pas quand je t'avais dit de devenir prof ! Qui te dit que ça serait pas une super opportunité là, hein ?

Charlie ne se laisse pas démonter par ce que vient de dire l'agent de sécurité. Si cela avait été dans une autre situation ou avec une autre sorte de sport, elle aurait réagi elle aussi. Là, elle prend le tout comme des signes qu'elle ne doit pas y aller. Ce qui n'est pas le cas pour son amie. Sa petite plaidoirie est acceptée, on indique une direction et la jeune femme l'emporte avec elle, s'assurant sûrement qu'elle ne tourne pas les talons. Elle hoche la tête. Elle sait que cela pourrait entrouvrir une possibilité pour que le parkour soit connu. « Mais... du baseball !? » soupire-t-elle. Elle continue de trouver ce sport très peu attrayant, peu importe si elles sont dans le lieu où les parties et les entraînements sont faits et qu'il y a peut-être des joueurs pas trop loin qui pourraient l'entendre. Une lumière se fait au bout du couloir (non, pas celle de la liberté et du elles partent d'ici), les menant jusqu'à l'intérieur du stade. L'équipe est en train de s'entrainer suppose-t-elle : des balles sont envoyées dans plusieurs directions, quelques personnes tapent avec des bâtons pour les envoyer ailleurs. L'entraineur, enfin elle pense, les voit, siffle et le tout s'arrête ; les regards sont braqués sur toutes les deux. « Vous avez parlé de moi en tant que spiderwoman... » fait-elle. Et avant qu'on lui dise encore une fois que plusieurs autres personnes sont déjà venues, elle se met à courir en direction de l'une des palissades qui mènent aux gradins. Elle prend son élan, saute en faisant un saut de chat pour atterrir en haut, elle rejoint le le niveau des gradins, se met à courir pour prendre son élan et elle se met ensuite à sauter par-dessus les différents bancs. Elle redescend et saute en bas, atterrissant d'une roulade. Elle n'a pas envie d'être là, mais cela ne va pas dire qu'elle va faire n'importe quoi. « Les autres ont montré quoi ? » demande-t-elle, alors qu'elle vient de retourner près de Charlie.

La métisse observa faire son amie, une pointe de fierté et d'admiration dans le regard. Si elle, elle vivait pour la danse, se sentant dans son élément dès que son corps était en mouvement, il était clair que cela était de même lorsque Maya grimpait partout. Elle jeta un regard aux sportifs qui observaient, certains ne cachant pas leur étonnement et leur intérêt, d'autres plus dubitatifs, mais néanmoins curieux. Quand la jeune femme revint vers eux, Charlie lui offrit un large sourire, tandis que l’entraîneur s'approcha d'elles, leur tendant la main pour les saluer.

Impressionnant. On en a vus bien moins jusqu'ici. C'est vraiment vous alors ? Bienvenue chez nous ! Je suis Arthur Jones, l’entraîneur des Lasers. Je ne sais pas ce qu'on vous a expliqué, mais j'aime organiser des stages d’entraînements diversifiés, et ce que vous faites, ça rentrerait bien dans le cadre. Ca vous arrive déjà de faire ça ?

Si elle avait pu, Charlie aurait tapé dans ses mains en criant que c'était merveilleux. Mais ce n'était pas à elle de prendre la décision, et elle ne connaissait pas ces hommes pour se montrer ainsi et risquer de décrédibiliser son amie. Alors pour une fois, la bouclée garda le silence, se mordillant la lèvre pour se taire. Elle tourna toutefois la tête vers Maya, l'encourageant d'un sourire. Parce que pour elle, ça représentait une belle opportunité, elle lui avait dit, mais elle doutait que les réticences de la traductrice puissent s'être envolées si facilement...

Un peu essoufflée, mais pas à bout de souffle, Maya revient, attend le verdict. Si elle se fie à Charlie elle a cassé la baraque, si elle se fit aux regards aussi, mais on a toujours pu montrer plus par la suite. Elle a peut-être juste fait autre chose sans que ce soit impressionnant, elle n'a pas été dans le plus compliqué non plus. Un homme s'approche, l'entraineur. On n'avait pas montré autant. On ne s'improvise pas adepte du parkour aussi facilement que l'on pense. Il ne s'agit pas juste de sauter un peu partout, il faut un peu plus que cela. À moins qu'il y ait vraiment une Super quelque part qui est capable de grimper au mur en mode Spiderwoman sans avoir les connaissances ou le reste des habilités. Elle aimerait bien avoir ce pouvoir à la place, ça serait vraiment plus intéressant et pratique avec ce qu'elle peut déjà faire. Cela aurait été un assez bon complément... m'enfin, elle n'arrête pas penser à un autre pouvoir qu'elle aurait pu avoir, sans que cela ne change rien à sa situation actuelle avec un pouvoir sans aspect positif selon elle. « Je donne des cours à quelques personnes à la fois... pas toute une équipe... c'est pas très prudent. Je peux pas bien surveiller tout le monde. » Elle ne sait pas trop si elle accepte ou pas, pas encore, mais elle préfère ne pas dire n'importe quoi. Surtout s'ils se tournent vers quelqu'un d'autre ensuite. Elle s'approche ensuite un peu plus de son amie. « Mais... ils vont faire quoi avec ça ? Sauter mieux par-dessus l'adversaire ? Ou le baseball a changé ? » Parce qu'elle ne voit pas trop à quoi cela leur servirait. L'entraîneur semble réfléchir à ce qu'elle vient de dire, soit il essaie de voir comment cela pourrait fonctionner en groupes réduits selon les entrainements, soit il va dire n'importe quoi pour indiquer que c'est mieux qu'ils soient tous ensemble, l'esprit de groupe ou elle ne sait pas trop quoi d'autre.

Elle est très douée, mais trop modeste !

Finalement, Charlie ne put s'empêcher d'intervenir. Parce que c'était difficile pour elle de tenir sa langue, de ne pas soutenir son amie, de ne pas mettre en avant son talent. En face, l'entraîneur marqua un temps de silence, alors que l'équipe retournait s'échauffer et jouer. L'homme reprit enfin la parole, remettant en place la casquette à l'effigie des Lasers qu'il arborait.

Nous faisons régulièrement des stages dans d'autres disciplines. Cela renforce l'esprit d'équipe, ça rassemble les gars sur autre chose, c'est très bon pour le collectif. J'aurai aimé pouvoir bénéficier de vos compétences pour changer un peu de ce que nous faisons habituellement. Quelques personnes à la fois hein ? C'est possible pour nous. Ecoutez, ce que je vous propose c'est de vous laisser réfléchir. Et vous nous recontacter si cela vous intéresse ? Vous serez payée bien entendu, et nous avons d'excellentes assurances pour ça. Nous serions heureux de vous avoir parmi nous quelques jours en tout cas. Je sais déjà que ça va parler de vous dans les vestiaires. Si vous voulez bien m'excuser maintenant, mesdames, je dois retourner auprès de l'équipe. A bientôt, j'espère.

Il leur adressa un sourire, avant de les laisser. Quelques joueurs les saluèrent d'un signe de tête, alors que la métisse embarquait la jeune femme vers la sortie, ravie de cette rencontre et de la proposition faite à Maya.

T'en dis quoi ? Ca peut valoir le coup d'y penser, non ? Et puis qui sait, un joueur de baseball, c'est peut-être intéressant à approcher...

Elle éclata de rire, radieuse comme toujours, avant de pianoter sur son téléphone pour commander un uber qui les ramènerait à Southwood...

Modeste, modeste... pas vraiment. Elle fait un modeste sourire, question de rester dans le ton. Hésitante, ça oui. Tout autre sport, Maya n'aurait pas hésité. Là... elle ne comprend pas trop ce pourquoi ils veulent d'elle. C'est peut-être parce qu'elle a passé quelques mauvais jours, qu'elle ne se sent pas encore complètement rétablie, mais elle aimerait bien avoir l'enthousiasme de Charle face à toute cette situation. L'entraineur se met ensuite à parler, à expliquer comment leurs stages se font. Bon. C'est déjà un peu mieux. Elle pensait que c'était qu'en un seul domaine, mais au final, ils explorent plusieurs trucs et apprennent à se connaître, à connaître les autres. Cela sonne déjà un peu plus intéressant. « Merci de vos explications. » fait-elle, lui souriant, cette fois-ci de façon un peu plus joyeuse que précédemment. Elle va tout de même prendre le temps de réfléchir, un stage et non pas quelque chose de régulier, c'est déjà mieux et compréhensible. Elle salue aussi les joueurs, ne pas savoir encore ce qu'elle va faire ne veut pas dire qu'elle va laisser une mauvaise image. Ce n'est pas une raison. Charlie se remet à ensuite à parler. « Je vais y penser... peut-être après avoir dormi. J'me sens pas encore moi-même. » Elle a été capable de faire une démonstration, mais c'est comme respirer pour elle. C'est simple. « À approcher ? » Elle agite ensuite ses gants. Elle n'approche personne, c'est mieux. Elle lui sourit, hausse les épaules. Elle ne donne pas des cours pour avoir quelqu'un à approcher. Cette idée est trop compliquée pour que cela puisse vraiment fonctionner. « On échange de pouvoir, juste une journée ? Je vais serrer les mains de tout le monde... » dit-elle, d'un ton rêveur, regardant ses gants. Certes, elle peut le faire, sauf qu'un contact direct lui manque beaucoup.