Wilde
Il vous faut plus de détails ? Ah. Allons-y. Tout d'abord, Audrain est un garçon déconcertant. Impulsif, imprévisible, il suit son instinct sans toujours bien réfléchir aux conséquences, ce qui l'a conduit plus d'une fois face au coin, dans le bureau du proviseur, et plus tard, en garde à vue. Son incapacité chronique à supporter l'autorité n'est sans doute pas étrangère à cet état de fait. D'une franchise désarmante, il n'a pas sa langue dans sa poche pour dire ce qu'il pense, que ça plaise ou non. D'ailleurs, moins ça vous plaît, plus ça l'amuse. Irrespectueux, insolent, inaccessible, il tacle là où sa fait mal juste pour le plaisir de vous voir sortir de vos gonds. Bref, il vous emmerde cordialement, et compte bien le faire savoir.
Son monde ne tolère que les couleurs vives. Les compromis ? C'est pas son truc. La nuance ? Une technique de lâche pour ne pas affronter la réalité. Le jeune homme a le sang chaud. Cette énergie débordante peut être au service des pires pitreries, d'expériences inédites, ou d'une agressivité certaine. Avec lui, c'est oui, on non. Il aime ou il déteste. Sa personnalité fascine autant qu'elle insupporte (et elle insupporte beaucoup). Il faut dire que son langage fleuri donne tout de suite le ton et qu'en plus de ses autres qualités, il est aussi borné que rancunier (et comme il n'oublie rien...)
Comme tout bon casse-couille qui se respecte, Audrain est profondément immature. La taquinerie est un sport qu'il élève au rang d'art, tant et si bien qu'un compliment en est rarement un à 100%. Certains diront qu'il fait tout pour ne pas être aimé. Ouai, des conneries de psys de bas étages, nous sommes bien d'accord. Surtout qu'il aime beaucoup être aimé, dans la mesure où ça ne l'implique pas trop émotionnellement et que la personne en face n'attends pas grand chose de lui. Cette soif de liberté et d'indépendance guide la majorité de ses choix, les bons comme les mauvais.
Parce que oui, Mesdames et Messieurs, Audrain a aussi des bons côtés. C'est un bon vivant, plutôt agréable à côtoyer pour qui n'a pas froid aux yeux. Joueur confirmé, la rumeur dit qu'il ne refuse jamais de relever un défi. Bien qu'il joue souvent au con, c'est un garçon plutôt intelligent. Il est d'ailleurs autodidacte dans certains domaines, comme la musique. S'il est difficile de nouer une relation profonde avec lui, son affection gagnée s'accompagne souvent d'une loyauté sans borne. Il est, par ailleurs, capable de faire preuve d'une réelle générosité, comme ça, quand on s'y attend le moins. Juste parce qu'il en a envie.
Il l'ignore encore, mais Audrain en capable de puiser des souvenirs dans la mémoire des autres autant que de partager les siens. Loin de se contenter de visionner ou de montrer, les réminiscences générées sont teintées d'émotions et de ressentis. Un souvenir partagé est littéralement revécu. Avec de la pratique et de l'expérience, il sera sans doute de sélectionner le souvenir souhaité.
Le partage ne peut se faire que sous condition d'un contact physique. De même, la qualité de l'échange va de la vague impression au clip en couleurs. Elle dépend autant de l'acuité avec laquelle la personne est en capacité de se rappeler la scène (intensité et lieu de stockage du souvenir, plus il est récent, plus il se facile d'accès.) et du degré d'intimité entre Audrain et la personne. Ainsi, plus il est proche d'une personne, plus l'échange sera fluide et aisé.
Il va s'en dire qu'un tel don ne vas pas sans quelques effets indésirables. On peut citer, entre autres : des pertes de mémoire, des maux de tête, et une sensation d'être étranger à lui-même.
À l'heure actuelle, Audrain est convaincu d'être simplement doté d'une mémoire eidétique, ce qui justifierait la résurgence chronique de certains souvenirs. Il a bien conscience, quelque part, que l'intensité de ce qu'il ressent dans ces moments-là n'est pas anodine, mais il préfère se voiler la face. Évidemment, il a un contrôle sur sa capacité qu'on pourrait estimer comme approchant le zéro absolu.
Je vous ai dit que mon frère était fan de ces supers héros à la con ? Non ? Maintenant que vous le savez, vous pouvez imaginer ce que j'en pense. Sur le moment, j'ai eu les nerfs car j'avais la sensation que mon frère vivait un rêve éveillé. Il gagnait. Puis, j'ai encore plus eu les nerfs en me rendant compte que ça changeait strictement rien à ma vie. Y'a personne en collant qui est venue fracasser la porte de chez nous avant de fracasser la tronche de l'autre déchet. Ça parade à la télé comme une putain de Kardashian et c'est tout aussi inutile dans le quotidien.
J'ai rien contre eux, au fond. Y'en a même des sympas. Simplement, filer autant de pouvoir à l'être humain, c'est oublier à quel point les gens sont pourris à l'intérieur.
Vous en avez d'autre des questions comme ça ? Parce que non seulement, je m'en cogne, mais surtout, j'ai mon cours d'aquaponey qui m'attends. À plus.
Au fond, j'pense que c'est quitte ou double. L'être humain est capable de s'adapter. J'crois pas contre que ça se fera pas sans des événements dramatiques. Vous vous rappelez les cours d'histoire sur l'esclavage, la ségrégation, et la deuxième guerre mondiale ? Je vois pas bien un truc comme ça. Puis ça passera. Si on n'en faisait pas tout un foin, peut-être que les choses s'apaiseraient d'elle-même.
Ceci est une zone libre pour développer votre personnage qui peut prendre la forme que vous voulez (anecdotes (min.6), histoires, morceau de rp...).
01 Les fées qui se penchent sur le berceau.
Aucun orage ne semblait menaçait la parfaite petite vie des Wilde. Audrain poussa son premier cri au sein d'une famille aimante, à défaut d'être réellement aisée. S'il n'a aucun souvenir tangible de cette époque, il sait ce qu'on lui en a raconté. "Un enfant si charmant ! Si plein de vie !" "Un vrai casse-cou déjà, il n'avait peur de rien ! " "Une tornade !" "Un gosse qu'avait toujours le sourire." Elle partait vachement bien cette histoire. Une mère douce et aimante, un frère aîné tranquille, et un père qui avait au moins le mérite d'être là. Alors, qu'est ce qui a bien pu merder ? C'est à croire que ces pouffiasses de fées ont finalement oublié son berceau.
Il se rappelle précisément de ce jour-là. Sa chienne de mémoire lui fait pourtant défaut pour les jours d'avant. Elle est même encore plutôt floue concernant les années qui suivent. De son enfance dorée, il n'y a que ce souvenir-là qui soit resté intact. Tellement qu'il peut se le repasser en boucle à l'infini sans jamais que la bande ne s'abîme. La seule chose qui s'est brisée ce jour-là fut sa vie de famille.
02 Ciao papa
- Wilde. W-I-L-D-E, qu'elle épelle, tremblante. Sa mère fait les cent pas dans le salon. Lui, s'amuse à grimper et descendre du canapé. Il court autour de son frère, surexcité. Il ne comprend pas grand chose à ce qui se passe. Par contre, il ressent un besoin viscéral d'évacuer les tensions qui l'assaillent de toutes parts. - Audrain, reste tranquille ! Le ton qu'elle prend est sec et sans appel. Il s'arrête, interloqué. Le regard qu'il lance à Kalen équivaut à un silencieux appel à l'aide. Celui-ci restera sans réponse. Face à tant d'injustice, le petit garçon qu'il est entre dans une colère noire. Il hurle de toutes ses forces alors que sa mère peine à se faire entendre de l'officier de police à l'autre bout de fil. - Oui, il a laissé un mot, mais, ça ne veut rien dire, je vous dis qu'il ne serait jamais parti comme ça. Audrain crie de toutes ses forces. Il vide l'air de ses poumons, expulsant comme il peut sa nervosité et son incompréhension. Brusquement, un vase vient s'écraser contre le mur derrière lui. - Mais tais-toi, bon sang ! Maman hurle. Son beau visage est figé dans un masque de colère, de tristesse et de honte. Stupéfié, l'enfant se tait, s'accrochant au regard de sa mère. Chacun se dira qu'elle ne l'a pas visé, qu'elle a agit sous le coup du trop-plein d'émotion. Lui, à cet instant, ne ressent que douleur, terreur et sidération. Dans son cerveau de tout-petit garçon, il a la certitude que sa mère, celle qu'il aime plus que tout, a voulu le tuer.
N'allez pas croire que c'était monnaie courante, bien au contraire. Emily, infirmière de son état, était une femme bienveillante, prévenante et soucieuse d'autrui. Elle aimait profondément ses deux petits garçons. Mais, peut-être que le jour où son mari est parti, ne laissant qu'un post-il derrière lui, elle a aussi perdu tous ses repères. Elle ne s'en est jamais remise. Comme je vous l'ai dit... Les fées du berceau sont de belles garces.
03 Les mauvaises herbes poussent coûte que coûte
Il a continué de pousser, tant bien que mal. Un genre de mauvaise herbe qui sortirait d'une plaque de béton. Emily s'est mise à enchaîner les gardes et les visites à domicile pour leur offrir une vie décente, laissant les deux gamins un peu livré à eux-mêmes. Il ne sait pas trop comment, avec un tel rythme de vie, sa mère a réussi à se dégoter un nouveau mec.Toujours est-il qu'elle l'a fait. Andrew est entré dans sa vie alors qu'il avait 7 ans. Audrain l'a détesté dès qu'il a passé le pas de la porte. Andrew et son sourire de menteur, ses manières douces, et la façon qu'il a eu de prendre sa mère par la taille comme si elle lui appartenait. Il l'a haï de toutes ses forces et le lui a bien fait sentir. C'est sans doute pour ça, d'ailleurs, qu'il s'est pris bien plus de roustes que Kalen.
Audrain remarque très vite les traces que sa mère cherche à cacher. Alors, quand elle l'envoie chercher du whisky pour l'autre con, il désobéit. Ce n'est pas la période la plus agréable de sa vie. L'angoisse est toujours là. La colère se niche dans son cœur. Elle n'en sortira plus jamais. À l'école, il n'a pas beaucoup d'amis. Les bagarres sont régulières. Du coup, il évite d'y aller. Il préfère traîner çà et là. Il se réfugie souvent à la bibliothèque. Là-bas, il se plonge dans tout et n'importe quoi pour oublier. Anselme, le SDF qui en squatte le parvis lui apprend à jouer de la guitare. Plus tard, ce sera le cinéma. Puis d'autres types d'addiction rejoindront la fête.
D'enfant turbulent, Audrain se change en adolescent rebelle. À la maison, rien ne change, il se renferme de plus en plus et obéit de moins en moins. Il tient tête aussi souvent qu'il peut à Andrew. Heureusement, la majorité du temps, celui-ci est trop soûl pour réagir. Son frère et lui s'ignorent pratiquement, c'est à croire qu'ils ne partagent que leur ADN. Quant à sa mère, le peu de fois où il l'aperçoit se solde souvent par de l'insolence d'un côté et des reproches de l'autre.
La puberté passe par là. Il prend de la hauteur et de la stature. Il change d'établissement. Puisque sa famille craint comme pas possible, Audrain s'en trouve une autre. Il se fait des amis. Il n'a pas l'impression d'avoir changé pourtant, le regard que ses pairs portent sur lui évolue. En quelque sorte, il devient populaire à amuser la galerie en faisant tout et n'importe quoi. Il aurait peut-être pu faire des études s'il s'était donné la peine de travailler ailleurs que là où il le voulait, quand il le voulait. Et s'il ne s'était pas fait virer de l'école un an sur deux.
04 Celle dont on ne doit pas prononcer le nom
Elle... Putain.
Audrain a 16 ans quand il la rencontre. Une fille à papa, bien sous tout rapport. Sage comme une image. Il ne la remarque même pas, au début. C'est elle qui le voit. Elle qui décide qu'elle lui mettra le grappin dessus. Aussi tenace qu'une tique, la gamine arrive à se frayer un chemin jusqu'à lui. Et elle est loin de correspondre à l'image qu'elle donne d'elle. Un putain de camaïeu de couleurs, un mélange d'extrêmes qui s'entrelacent. Ça forme le plus beau des paradoxe. Tomber amoureux lui fait l'effet de se jeter sans un précipice. Il sait très bien qu'il n'en sortira pas indemne.
Entre eux, la beauté de ce qu'ils ressentent leur file le vertige autant que les saloperies qu'ils sont capables de se faire. Aujourd'hui encore, Audrain se repasse le film de leur histoire, en se disant que ça ne pouvait mener nul part. Qu'il a été complètement con d'y croire. De la croire quand elle a promis de venir avec lui.
Audrain frôle les 18 ans, le soir où il prend la meilleure décision de toute sa vie. - Putain, mais pourquoi tu t'en prends pas à quelqu'un de ta taille. T'es vraiment qu'une sous-merde. Barre-toi d'ici, sale fils de pute ! 10 ans de colère qui sortent en l'espace de quelques minutes. Andrew avait encore eu le malheur de critiquer le repas que sa mère avait peiné à faire. En soi, la scène n'avait rien d'inhabituelle. Ce fut juste la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Le ton est monté entre les deux hommes, tant et si bien que le poing d'Audrain a fini dans la mâchoire de son beau-père. Celui-ci, dont le taux d'alcoolémie aurait fait blêmir de jalousie un russe, tituba en arrière et s'effondra sur le coin de la table. Rien de méchant, juste une arcade sourcilière en sang. Audrain s'est approché, bouillonnant d'une haine féroce qui l'aurait mené bien plus loin si sa mère n'était pas intervenue.
Emily a pleuré. Emily a hurlé. Emily, car plus jamais il ne l'appellerait maman, a pris la défense de [/i]l'homme de sa vie[/i]. Audrain a filé dans sa chambre, tétanisé par le regard qu'elle lui a lancé. Il a rassemblé quelques vêtements et s'est barré.
Revenons à Elle. Elle avait juré sur tous les dieux qu'elle ne saurait vivre sans lui. Il avait cru qu'elle l'aimait. Il avait bu ses paroles comme les abeilles se gorgent de pollen. En deux jours, à peine, il a orchestré leur fuite, plein d'espoir à l'idée d'entamer une nouvelle vie.
À l'heure du rendez-vous, sous la lueur vacillante d'un vieux réverbère, Audrain a attendu plusieurs heures celle qui n'est jamais venue. Elle lui avait fait croire qu'il en valait la peine, et lui, il avait mordu à l'hameçon.
05 Burning Foxes, une nouvelle famille
Il n'en reste pas moins vrai que quitter Astoria marqua un changement radical dans sa vie. Il a squatté chez des amis. Puis chez des amis d'amis. De fil en aiguille, il s'est construit un réseau assez solide de connaissances. Pour subsister, il n'a pas rechigné à accepter les boulots les plus ingrats. Il a fini par atterrir à Phoenix où il a fondé, avec quelques potes les [/i]Burning Foxes[/i], un groupe de rock. À force d'efforts et de sacrifices, ils se sont assuré un renommée locale. Ça ne payait peut-être pas encore les factures, mais ça les faisait rêver. Alors, ça valait le coup.
Audrain avait pris le pli d'ignorer ses souvenirs persistants et ses cauchemars éveillés. Il avait pris l'habitude de faire semblant. Le présent avait des allures de fête. L'avenir lui faisait enfin les yeux doux. Tout allait vraiment bien. Jusqu'à ce que Tarek disparaisse.
Pour la faire courte, Tarek était le batteur des Burning Foxes. Un mec vraiment cool, un peu plus vieux que le reste des membre. Un genre de frère aîné, en bien plus chouette que celui que la vie lui avait effectivement donné. Un super qui ne se la racontait pas, une espèce rare ces temps-ci. Un type fiable à qui on pouvait se fier. Bref, il a disparu du jour au lendemain.
Audrain a remué ciel et terre. Les flics ne l'ont pas pris au sérieux. La seule piste valable dont il disposait était un putain de numéro revenant sans cesse dans la liste des appels du téléphone de son pote. Il a appelé. Encore et encore. Il a laissé des messages. Il a crié, menacé, joué du violon. Il a vraiment tout essayé pour obtenir des réponses, persuadé qu'il est qu'on ne lui dit pas tout. Puis, comme un flash, lui est revenu l'image de ce numéro de téléphone. Un bout de papier, à peine entrevu dans son portefeuille sur lequel, de son écriture en pattes de mouche, Tarek avait écrit une adresse à Astoria. Et un nom : Daphné.
Il n'a pas réfléchi très longtemps avant de tout plaquer pour revenir dans sa ville natale pour aller sonner à la porte de la dite Daphné. Il se dit qu'une fois qu'elle l'aura devant lui, peut-être qu'elle se montrera plus encline à lui offrir son soutien.
06 L'essentiel insignifiant :
- Adore manger épicé.
- Cinq tatouages (pour le moment) : l'inscription "nem au poulet" en caractère chinois sur le cou, dans la lignée de son oreille droite, à la suite d'un défi. Un renard en couleur sur l'avant bras droit, dans le pelage duquel se cache une guitare. Une citation d'Oscar Wilde "To live is the rarest thing in the world ", en lettres manuscrites, sur l'omoplate gauche. Des dés rouges, à l'intérieur de son poignet gauche. Un caducée d'Asclépios en noir, sous son pectoral gauche, un soir de beuverie.
- Fait régulièrement du footing depuis quelque temps en plus de quelques sports de combat qu'il pratique en amateur, quand il ressent l'envie de se défouler.
- N'est pas du matin. Genre, vraiment pas.
- Son chat, Satan (nom choisi pour emmerder sa voisine de l'époque), l'est lui. Autant vous dire que ça occasionne quelques soucis de colocation.
Aucun orage ne semblait menaçait la parfaite petite vie des Wilde. Audrain poussa son premier cri au sein d'une famille aimante, à défaut d'être réellement aisée. S'il n'a aucun souvenir tangible de cette époque, il sait ce qu'on lui en a raconté. "Un enfant si charmant ! Si plein de vie !" "Un vrai casse-cou déjà, il n'avait peur de rien ! " "Une tornade !" "Un gosse qu'avait toujours le sourire." Elle partait vachement bien cette histoire. Une mère douce et aimante, un frère aîné tranquille, et un père qui avait au moins le mérite d'être là. Alors, qu'est ce qui a bien pu merder ? C'est à croire que ces pouffiasses de fées ont finalement oublié son berceau.
Il se rappelle précisément de ce jour-là. Sa chienne de mémoire lui fait pourtant défaut pour les jours d'avant. Elle est même encore plutôt floue concernant les années qui suivent. De son enfance dorée, il n'y a que ce souvenir-là qui soit resté intact. Tellement qu'il peut se le repasser en boucle à l'infini sans jamais que la bande ne s'abîme. La seule chose qui s'est brisée ce jour-là fut sa vie de famille.
- Wilde. W-I-L-D-E, qu'elle épelle, tremblante. Sa mère fait les cent pas dans le salon. Lui, s'amuse à grimper et descendre du canapé. Il court autour de son frère, surexcité. Il ne comprend pas grand chose à ce qui se passe. Par contre, il ressent un besoin viscéral d'évacuer les tensions qui l'assaillent de toutes parts. - Audrain, reste tranquille ! Le ton qu'elle prend est sec et sans appel. Il s'arrête, interloqué. Le regard qu'il lance à Kalen équivaut à un silencieux appel à l'aide. Celui-ci restera sans réponse. Face à tant d'injustice, le petit garçon qu'il est entre dans une colère noire. Il hurle de toutes ses forces alors que sa mère peine à se faire entendre de l'officier de police à l'autre bout de fil. - Oui, il a laissé un mot, mais, ça ne veut rien dire, je vous dis qu'il ne serait jamais parti comme ça. Audrain crie de toutes ses forces. Il vide l'air de ses poumons, expulsant comme il peut sa nervosité et son incompréhension. Brusquement, un vase vient s'écraser contre le mur derrière lui. - Mais tais-toi, bon sang ! Maman hurle. Son beau visage est figé dans un masque de colère, de tristesse et de honte. Stupéfié, l'enfant se tait, s'accrochant au regard de sa mère. Chacun se dira qu'elle ne l'a pas visé, qu'elle a agit sous le coup du trop-plein d'émotion. Lui, à cet instant, ne ressent que douleur, terreur et sidération. Dans son cerveau de tout-petit garçon, il a la certitude que sa mère, celle qu'il aime plus que tout, a voulu le tuer.
N'allez pas croire que c'était monnaie courante, bien au contraire. Emily, infirmière de son état, était une femme bienveillante, prévenante et soucieuse d'autrui. Elle aimait profondément ses deux petits garçons. Mais, peut-être que le jour où son mari est parti, ne laissant qu'un post-il derrière lui, elle a aussi perdu tous ses repères. Elle ne s'en est jamais remise. Comme je vous l'ai dit... Les fées du berceau sont de belles garces.
Il a continué de pousser, tant bien que mal. Un genre de mauvaise herbe qui sortirait d'une plaque de béton. Emily s'est mise à enchaîner les gardes et les visites à domicile pour leur offrir une vie décente, laissant les deux gamins un peu livré à eux-mêmes. Il ne sait pas trop comment, avec un tel rythme de vie, sa mère a réussi à se dégoter un nouveau mec.Toujours est-il qu'elle l'a fait. Andrew est entré dans sa vie alors qu'il avait 7 ans. Audrain l'a détesté dès qu'il a passé le pas de la porte. Andrew et son sourire de menteur, ses manières douces, et la façon qu'il a eu de prendre sa mère par la taille comme si elle lui appartenait. Il l'a haï de toutes ses forces et le lui a bien fait sentir. C'est sans doute pour ça, d'ailleurs, qu'il s'est pris bien plus de roustes que Kalen.
Audrain remarque très vite les traces que sa mère cherche à cacher. Alors, quand elle l'envoie chercher du whisky pour l'autre con, il désobéit. Ce n'est pas la période la plus agréable de sa vie. L'angoisse est toujours là. La colère se niche dans son cœur. Elle n'en sortira plus jamais. À l'école, il n'a pas beaucoup d'amis. Les bagarres sont régulières. Du coup, il évite d'y aller. Il préfère traîner çà et là. Il se réfugie souvent à la bibliothèque. Là-bas, il se plonge dans tout et n'importe quoi pour oublier. Anselme, le SDF qui en squatte le parvis lui apprend à jouer de la guitare. Plus tard, ce sera le cinéma. Puis d'autres types d'addiction rejoindront la fête.
D'enfant turbulent, Audrain se change en adolescent rebelle. À la maison, rien ne change, il se renferme de plus en plus et obéit de moins en moins. Il tient tête aussi souvent qu'il peut à Andrew. Heureusement, la majorité du temps, celui-ci est trop soûl pour réagir. Son frère et lui s'ignorent pratiquement, c'est à croire qu'ils ne partagent que leur ADN. Quant à sa mère, le peu de fois où il l'aperçoit se solde souvent par de l'insolence d'un côté et des reproches de l'autre.
La puberté passe par là. Il prend de la hauteur et de la stature. Il change d'établissement. Puisque sa famille craint comme pas possible, Audrain s'en trouve une autre. Il se fait des amis. Il n'a pas l'impression d'avoir changé pourtant, le regard que ses pairs portent sur lui évolue. En quelque sorte, il devient populaire à amuser la galerie en faisant tout et n'importe quoi. Il aurait peut-être pu faire des études s'il s'était donné la peine de travailler ailleurs que là où il le voulait, quand il le voulait. Et s'il ne s'était pas fait virer de l'école un an sur deux.
Elle... Putain.
Audrain a 16 ans quand il la rencontre. Une fille à papa, bien sous tout rapport. Sage comme une image. Il ne la remarque même pas, au début. C'est elle qui le voit. Elle qui décide qu'elle lui mettra le grappin dessus. Aussi tenace qu'une tique, la gamine arrive à se frayer un chemin jusqu'à lui. Et elle est loin de correspondre à l'image qu'elle donne d'elle. Un putain de camaïeu de couleurs, un mélange d'extrêmes qui s'entrelacent. Ça forme le plus beau des paradoxe. Tomber amoureux lui fait l'effet de se jeter sans un précipice. Il sait très bien qu'il n'en sortira pas indemne.
Entre eux, la beauté de ce qu'ils ressentent leur file le vertige autant que les saloperies qu'ils sont capables de se faire. Aujourd'hui encore, Audrain se repasse le film de leur histoire, en se disant que ça ne pouvait mener nul part. Qu'il a été complètement con d'y croire. De la croire quand elle a promis de venir avec lui.
Audrain frôle les 18 ans, le soir où il prend la meilleure décision de toute sa vie. - Putain, mais pourquoi tu t'en prends pas à quelqu'un de ta taille. T'es vraiment qu'une sous-merde. Barre-toi d'ici, sale fils de pute ! 10 ans de colère qui sortent en l'espace de quelques minutes. Andrew avait encore eu le malheur de critiquer le repas que sa mère avait peiné à faire. En soi, la scène n'avait rien d'inhabituelle. Ce fut juste la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Le ton est monté entre les deux hommes, tant et si bien que le poing d'Audrain a fini dans la mâchoire de son beau-père. Celui-ci, dont le taux d'alcoolémie aurait fait blêmir de jalousie un russe, tituba en arrière et s'effondra sur le coin de la table. Rien de méchant, juste une arcade sourcilière en sang. Audrain s'est approché, bouillonnant d'une haine féroce qui l'aurait mené bien plus loin si sa mère n'était pas intervenue.
Emily a pleuré. Emily a hurlé. Emily, car plus jamais il ne l'appellerait maman, a pris la défense de [/i]l'homme de sa vie[/i]. Audrain a filé dans sa chambre, tétanisé par le regard qu'elle lui a lancé. Il a rassemblé quelques vêtements et s'est barré.
Revenons à Elle. Elle avait juré sur tous les dieux qu'elle ne saurait vivre sans lui. Il avait cru qu'elle l'aimait. Il avait bu ses paroles comme les abeilles se gorgent de pollen. En deux jours, à peine, il a orchestré leur fuite, plein d'espoir à l'idée d'entamer une nouvelle vie.
À l'heure du rendez-vous, sous la lueur vacillante d'un vieux réverbère, Audrain a attendu plusieurs heures celle qui n'est jamais venue. Elle lui avait fait croire qu'il en valait la peine, et lui, il avait mordu à l'hameçon.
Il n'en reste pas moins vrai que quitter Astoria marqua un changement radical dans sa vie. Il a squatté chez des amis. Puis chez des amis d'amis. De fil en aiguille, il s'est construit un réseau assez solide de connaissances. Pour subsister, il n'a pas rechigné à accepter les boulots les plus ingrats. Il a fini par atterrir à Phoenix où il a fondé, avec quelques potes les [/i]Burning Foxes[/i], un groupe de rock. À force d'efforts et de sacrifices, ils se sont assuré un renommée locale. Ça ne payait peut-être pas encore les factures, mais ça les faisait rêver. Alors, ça valait le coup.
Audrain avait pris le pli d'ignorer ses souvenirs persistants et ses cauchemars éveillés. Il avait pris l'habitude de faire semblant. Le présent avait des allures de fête. L'avenir lui faisait enfin les yeux doux. Tout allait vraiment bien. Jusqu'à ce que Tarek disparaisse.
Pour la faire courte, Tarek était le batteur des Burning Foxes. Un mec vraiment cool, un peu plus vieux que le reste des membre. Un genre de frère aîné, en bien plus chouette que celui que la vie lui avait effectivement donné. Un super qui ne se la racontait pas, une espèce rare ces temps-ci. Un type fiable à qui on pouvait se fier. Bref, il a disparu du jour au lendemain.
Audrain a remué ciel et terre. Les flics ne l'ont pas pris au sérieux. La seule piste valable dont il disposait était un putain de numéro revenant sans cesse dans la liste des appels du téléphone de son pote. Il a appelé. Encore et encore. Il a laissé des messages. Il a crié, menacé, joué du violon. Il a vraiment tout essayé pour obtenir des réponses, persuadé qu'il est qu'on ne lui dit pas tout. Puis, comme un flash, lui est revenu l'image de ce numéro de téléphone. Un bout de papier, à peine entrevu dans son portefeuille sur lequel, de son écriture en pattes de mouche, Tarek avait écrit une adresse à Astoria. Et un nom : Daphné.
Il n'a pas réfléchi très longtemps avant de tout plaquer pour revenir dans sa ville natale pour aller sonner à la porte de la dite Daphné. Il se dit qu'une fois qu'elle l'aura devant lui, peut-être qu'elle se montrera plus encline à lui offrir son soutien.
- Adore manger épicé.
- Cinq tatouages (pour le moment) : l'inscription "nem au poulet" en caractère chinois sur le cou, dans la lignée de son oreille droite, à la suite d'un défi. Un renard en couleur sur l'avant bras droit, dans le pelage duquel se cache une guitare. Une citation d'Oscar Wilde "To live is the rarest thing in the world ", en lettres manuscrites, sur l'omoplate gauche. Des dés rouges, à l'intérieur de son poignet gauche. Un caducée d'Asclépios en noir, sous son pectoral gauche, un soir de beuverie.
- Fait régulièrement du footing depuis quelque temps en plus de quelques sports de combat qu'il pratique en amateur, quand il ressent l'envie de se défouler.
- N'est pas du matin. Genre, vraiment pas.
- Son chat, Satan (nom choisi pour emmerder sa voisine de l'époque), l'est lui. Autant vous dire que ça occasionne quelques soucis de colocation.
Pseudo/prénom Devlen Age a passé la barre fatidique des 30 ans Pays France Commentaire J'ai super hâte de vous rejoindre Autres comptes Zéro Crédits Tag gallery
- Codes de recensement:
[/b]
- Code:
[b]Noah Centineo[/b] @"Audrain Wilde"
[b]Métier[/b] +détail si besoin, lieux,... @"pseudo"
Si super :
[b]Mémoire partagée[/b] @"Audrain Wilde"