Lark se fendit d’un sourire et étira les bras vers lui quand un furieux besoin de s’étirer la prit au même moment. La brune était rentrée de sa journée de travail avec des brochures de formation et d’examen liés à la médecine sous un bras. Sous l’autre, elle avait une copie d’un vieux journal qui faisait le point en page 7 sur les derniers développements e l’affaire de détournements de fonds dont on accusait Stephanie Hall. Enfin dont on l’accusait elle. Après avoir feuilleté la documentation d’un œil morne et découragé, elle s’était intéressée à l’article sur ses prétendus méfaits, à la recherche d’un indice lui permettant de remonter jusqu’au trésor qu’elle aurait caché – histoire de le rendre. Comme Elijah avait pris l’habitude de rentrer tard ces derniers temps – tant qu’il ne rentrait pas avec une plaie ouverte ou commotion cérébrale il faisait bien ce qu’il voulait –, elle s’était relevée pour faire le plein de thé pour tenir toute la nuit dans ses recherches d’informations sur ce collègue lui aussi porté disparu qui apparaissait à côté d’elle sur la photo quand il était rentré. « Hey. » Souffla-t-elle, profitant que ses bras étaient levés pour les enrouler autour de ses épaules et sourire de nouveau en recevant son baiser. Elle se laissa entraîner jusqu’au canapé et s’assit à côté de lui en essayant de remettre les deux neurones en manque de théine qu’il lui restait sur la même longueur d’onde que le jeune homme. Au moins une bonne nouvelle : ses absences n’étaient pas liées aux compagnons d’armes de son bon ami. Elle n’aurait plus à s’inquiéter de ne pas le voir rentrer un soir et recevoir un coup de téléphone du centre de police pour la prévenir qu’elle ferait mieux de ne pas compter le revoir avant un moment.

Docile, elle baissa les yeux sur le doigt pointé pour découvrir des annonces immobilières. Elle qui était encore tout à ses recherches sur les mystères de son passé regarda les pages imprimées sans vraiment saisir le cœur du sujet. « Euh… » Répondit-elle, tout penaude, comprenant enfin le pourquoi du comment elle se retrouvait avec tout ce papier entre les mains. Avant d’avoir pu bien réfléchir à la situation et à ce qu’il lui proposait, Lark releva le nez vers lui et demanda : « Mais euh… Qu’est-ce qui ne va pas avec mon appartement ? » Si on mettait de côté qu’il grand comme un placard, aussi bien isolé qu’une passoire et salubre seulement selon les critères des rats, il restait son appartement. Le sien à elle tant que son bailleur la laisser l’habiter, qu’elle avait trouvé toute seule comme une grande et aménagé à son goût. C’était son endroit à elle depuis qu’elle était devenue Lark, un des rares îlots de stabilité de sa vie. L’autre étant Eli, évidemment.

Il aurait vraiment fallu être aussi aveugle et sourd question sentiments qu’un Vulcain pour ne pas voir que ce n’était pas la réponse qu’attendait Elijah. Perplexe et raide, il reprit les annonces immobilières des mains de Lark sans lui laisser le temps d’ouvrir la bouche. Elle cilla un instant. Il l’avait prise par surprise ! La jeune femme ne s’attendait pas à voir un projet atterrir sur ses genoux, sans échauffement ni signe avant-coureur, voilà tout mais en soi… Oui, en soi, pourquoi pas ? Certes, elle considérait cet appartement comme son havre de paix, son chez soi, mais c’était sans prendre en considération ni les sentiments d’Eli ni l’évidence qu’ils ne pouvaient pas tenir indéfiniment à deux dans un espace si exigu. C’est que ce placard à balais ne pourrait pas les héberger indéfiniment. Il y avait un certain charme à être toujours à se marcher sur les pieds, mais seulement pendant un temps.

Lark ramena ses jambes sous ses fesses et se tourna vers sa petite tête toute triste. Elle posa son coude sur le dossier du canapé et planta sa joue sur son poing, un sourire mi espiègle mi compatissant pour le brun. « C’a été. » Il lui avait peut-être retiré les papiers de sous le nez aussi vite qu’un magicien dont le tour est un échec mais elle n’allait pas le laisser s’en tirer si rapidement. Si elle avait passé autant de temps seule dernièrement, c’était parce qu’il avait enchaîné les heures pour lui faire cette surprise, lui faire cette surprise à elle. De manière tout ce qu’il y avait de plus sérieuse et légale. Même en la suppliant à genoux, Lark aurait refusé de changer de sujet comme ça. « Antarctique, non. Anthracite, peut-être ? » Suggéra-t-elle, sentant son sourire s'agrandir malgré elle. Elle posa son pied sur sa cuisse chaude pour le secouer. « Tu as fini de jouer les Calimero ? On les regarde ces annonces, maintenant ? » Le taquina-t-elle en se penchant sur lui, glissant une main dans son cou pour attirer ses yeux vers les siens.

C’était peut-être d’être restée immobile aussi longtemps dans l’air ou juste le charme fou qu’il exerçait sur elle, mais Lark avait l’impression qu’il irradiait. Un sourire étira de nouveau ses lèvres qu’elle mordit, goûtant ce qui restait des siennes. Mais l’heure n’était pas à ça. Si Elijah s’était donné autant de mal, la brune tenait à lui montrer qu’elle l’appréciait. Elle se pelotonna donc contre lui, un bras passé autour de ses épaules, attendant les papiers, ses genoux remontés contre elle. S’il ne s’était basé que sur les principes de la chevalerie du Moyen Âge en ne comptant que sur son salaire pour les loger tous les deux, alors ils auraient de la marge pour réparer les dégâts s’ils tombaient effectivement sur des ruines. Lark appréciait son côté preux chevalier en armure scintillante tout en reconnaissant qu’il ne s’adaptait pas toujours au monde réel, mais même ce côté idéaliste et rêveur là lui plaisait. « Ouais, ce serait plutôt cool. » Rigola-t-elle en attrapant la liasse qu’il lui tendant avant de baisser le regarda sur les annonces. Non, parce qu’autant elle voulait lui faire plaisir mais si elle devait quitter ce qui lui servait de nid depuis plus d’un an, ce ne serait pas pour une ruine. Même son propre appartement qui n’était pourtant pas une référence en matière d’étanchéité et de salubrité réussissait à éviter cette catégorie. Autant ne pas le quitter pour pire. Lark releva la tête vers lui. On avait presque l’impression qu’il essayait de faire marche arrière ou, à défaut, d’assurer ses arrières. Elle posa une main sur sa joue. « C’est parfait. » Assura-t-elle d’après ce qu’elle avait pu juger de ses recherches. Enfin, si elles étaient toujours d’actualité, bien sûr. Si celles situées dans Southwood avaient de bonnes chances de s’attader sur les sites des petites annonces lorsque leurs prétentions de loyer étaient trop élevées pour le quartier, elle avait quelques doutes en ce qui concernait les annonces pour Burton Ridge. Sans même parler de la banlieue. Mais, elle vivante, jamais elle n’irait s’exiler pour le plaisir dans cette banlieue si éloignée du cœur rassurant de la ville. Elle sourit de nouveau et regarda les annonces en commençant à réfléchir à haute voix. « Un peu plus grand, ce serait déjà pas mal. » Reconnut-elle presque à contre-cœur. « Il faut penser au bien-être d’Eugène et d’Irène. » Ajouta-t-elle en fronçant le nez, amusée. Sans penser au leur. « Est-ce qu’il y en a une qui te disait plus que les autres ? » Continua-t-elle en passant de nouveau les pages en revue rapidement.