Kent
Depuis, Gordon a totalement changé de comportement. Il savoure désormais les petites joies simples de la vie et est très attaché à sa liberté retrouvée. Véritable vent de fraîcheur, il apporte la bonne humeur partout où il passe. C'est un homme doux et dévoué, aussi bien dans son travail que dans sa vie de tous les jours. Végétarien, pacifiste et écolo convaincu, il vit de peu de choses et ça lui convient parfaitement. Certains pourraient le qualifier de hippie échappé des années 60 avec ses cheveux longs et son air d'imbécile heureux. Cependant, c'est quelqu'un de très versatile et d'irrévérent. Dôté d'un fort esprit de contradiction et aimant malgré lui attirer la sympathie des gens sur sa personne, il peut faire preuve d'excentricité et de légèreté concernant le règlement en place. Le médecin a gardé son âme d'enfant, ce qui lui attire parfois des ennuis tant lui est difficile de rester sérieux très longtemps. Le tout mêlé à son attitude calme et rassurante font de lui quelqu'un de particulièrement apprécié, surtout par les plus jeunes.
Toutefois, si on peut le qualifier de grande gueule et d'original, l'Anglais n'est pas bien téméraire. Il baisse vite les yeux face à des caractères plus violents et brutaux. Ça lui tord les tripes de se retrouver ainsi paralysé, perdant sa verve quand sa vie et celle d'autrui sont mises en danger. Il perd aisément son sang-froid, cédant à tout chantage et faisant de lui une cible facile pour les manipulateurs. Persuadé d'agir pour le bien, l'esprit saturé de la propagande de la Division, Gordon s'est perdu. C'est la gorge serrée qu'il obéit sagement à ses supérieurs, cherchant frénétiquement une issue, de l'aide ou ne serait-ce qu'un visage amical.
Son pouvoir lui permet de survivre à tout et n’importe quoi, il est pour ainsi dire « immortel » (bien que ce ne soit pas tout à fait vrai, il est possible d‘empêcher une régénération de se compléter en scellant son corps - au mieux, uniquement sa tête - dans un milieu non-extensible comme du béton, par exemple). Cependant, son pouvoir ne fonctionne ni sur les plaies bénignes à sévères, ni sur les amputations, ni sur les maladies n’entraînant pas la mort directe du patient, ni sur les troubles psychologiques. Sa capacité de trompe-la-mort lui permet, alors qu'il est supposé succomber à un coup fatal, de plonger dans un profond coma d'où il se régénère plus ou moins rapidement suivant la gravité de ses blessures. Ça peut aller de quelques heures à plusieurs jours, période durant laquelle il est entièrement vulnérable. Inconscient, il ne retrouve ses esprits qu’une fois la régénération de ses tissus achevée. Tous les dommages subis durant sa précédente « vie » sont réparés et Gordon retourne à un état neutre. Cela veut dire que tout ce qui est cicatrices, tatouages, membres et organes abîmés et déficiences acquises disparaissent.
Comme tout le monde, il a été secoué. Jamais il n’aurait cru entendre de son vivant que des gens possédant des capacités extraordinaires vivent parmi eux. À vrai dire, il était également un petit peu jaloux de ne pas être un super. Grand lecteur de comics quand il était plus jeune, il était à la fois fasciné que ce monde d’imagination puisse exister et déçu de ne pas en faire partie. Aujourd’hui, en tant que super, son opinion est bien différente. Il aurait aimé mourir dans cet accident de voiture et ne pas avoir à vivre dans un monde rongé par la haine de l’autre.
On érige des monuments commémoratifs pour se souvenir des victimes. Ici, il ne devrait pas en être autrement. Certes, il faut aussi remercier l’héroïsme de celui qui a sauvé des vies, mais quel genre de héros serait-il s’il avait agi uniquement pour avoir son nom sur une plaque ? Les victimes méritent qu’on se souvienne d’elles, car à leur façon, elles ont été aussi courageuses que le super.
Difficile de se projeter cinq années en avant quand on ne sait même pas de quoi demain sera fait. Il rêve à un cessez-le-feu, c’est certain. Une meilleure compréhension des supers et peut-être plus de coopération avec les non-supers. Il aimerait surtout que les extrêmes soient de moins en moins vocaux au profit de ceux qui tentent vraiment de faire au mieux. Parce qu’au final, super ou non, tous sont perdus et dépassés par cette situation.
Je me souviens à l'école, on me demandait tout le temps si j'étais de la famille de Gavin Kent, cet homme richissime et connu de tous, presque une véritable star aux yeux de certains. Je me souviens que je ne savais pas trop quoi répondre. Oui, j'étais de sa famille, mais il ne voulait pas de moi, ni de ma mère. C'est vrai, après tout, on risquerait de ternir l'image de la prestigieuse famille Kent. On n'était pas assez bien pour prétendre faire partie de la famille. Ma mère sa maîtresse, et moi son bâtard. Alors, je souriais et je disais que non, qu'on avait simplement le même nom. Ce n'était pas par lâcheté, la dernière fois que j'allais voulu prétendre faire partie de cette famille, on m'avait ri au nez ou traité de menteur ou encore d'idiot en manque d'attention. Alors, j'ai arrêté de le dire aux autres, mais je n'en pensais pas moins. Au fond de moi, j'enrageais, je voulais faire partie de ce monde, mais eux ne voulait pas de moi. Je voulais qu'on me connaisse et qu'on me reconnaisse, comme le Kent que j'étais. De temps en temps, Gavin passait du temps avec moi. Il m'a emmené voir un match de rugby une fois. Il a dû voir ça dans un magasine ou alors, il s'est basé sur ses préjugés comme quoi le peuple aimait assister à ce genre d'événements. Le rugby, ça n'a jamais été trop mon truc, mais je ne disais rien, profitant des rares moments où j'avais l'impression de faire partie de la famille Kent. Il a remis ça plusieurs fois. C'était sympa de sa part, mais je voulais plus. Bien sûr, il ne fallait pas que ça se sache, il faisait ça dans l'anonymat la plus totale. C'était pour nous préserver des médias qu'il disait. Je pensais plutôt qu'il avait honte. Quand je repense à cette époque, je me dis que le petit Gordon que j'étais allait bien vite regretter d'avoir été aussi jaloux.
Mon enfance et mon adolescence n'ont pas été toutes roses. Ma mère avait du mal à joindre les deux bouts et j'étais bien trop occupé à jalouser les Kent pour essayer de la soulager, ne serait-ce que pour faire les tâches ménagères. Gavin aidait de temps en temps, mais il ne devait pas se rendre compte à quel point c'était difficile. Certes, on n'a pas fini à la rue, ni endetté jusqu'au cou au point de devoir tout vendre. On mangeait à notre faim et on avait du chauffage l'hiver, mais le petit Gordon n'était toujours pas content. Lui visait plus haut. Il voulait plus, et ce, même si c'était impossible. Déterminé et têtu. Mon enfance était presque agréable, je n'étais pas malheureux, mais la jalousie que je ressentais me pesait chaque jour. Quand j'y repense, j'étais stupide. L'envie n'apporte jamais rien de bon, mais j'étais jeune et il a fallu que j'en passe par là pour le comprendre.
On m'a demandé ce que je voulais faire plus tard et comme tous les jeunes de cet âge-là, j'en avais absolument aucune idée. Peut-être pompier, jardinier ou astronaute... Ou les trois à la fois ? Je n'étais pas trop mauvais à l'école et mes notes étaient plus ou moins équilibrées dans toutes les matières. On m'a obligé à choisir quelque chose, sans se douter que ma mère était incapable de me payer des études. Elle ne gagnait pas assez d'argent et j'allais devoir travailler immédiatement pour l'aider à payer les factures. Je m'attendais à quitter le cursus à la fin, mais un soir, Gavin est venu à la maison et nous a proposé de me payer mes études. On était fou de joie, ma mère surtout, qui voyait déjà son fils architecte ou encore vétérinaire. Sauf que ça ne s'est pas passé comme prévu. Gavin a émis une condition, je devais faire des études de médecine et devenir chirurgien, c'était son choix. Son fils illégitime devait suivre les ordres de son père absent. Je ne voulais pas faire médecine, sachant que les études étaient longues et extrêmement difficiles. J'ai beaucoup hésité ce jour-là. J'étais dans une impasse, je n'avais pas d'autres choix que d'accepter sa proposition si je voulais vivre sans me soucier de l'argent. Je devais devenir chirurgien comme le voulait Gavin pour pouvoir aider ma mère.
Alors, j'ai travaillé, j'ai beaucoup travaillé. Tous les jours, tout le temps. Je ne pouvais pas laisser passer cette chance. Je voulais sortir de cette misère et vivre au même niveau que les Kent. Oui, j'avais encore cette envie de vivre comme un roi et de ne plus avoir à me soucier de l'argent. Mais plus que tout ça, j'avais conscience que, sans l'aide financière de Gavin, je n'aurais certainement pas pu espérer un jour être l'égal de la famille Kent. Plus j'avançais dans mon parcours scolaire, plus j'avais l'impression de me rapprocher de mon but. J'étais doué, je pulvérisais les scores et mes notes étaient excellentes. Je travaillais d'arrache-pied pour réaliser mon rêve. Je voyais la fierté dans les yeux de ma mère et ça me poussait à toujours monter plus haut.
Alors que je me préparais pour partir au lycée, il s'est passé quelque chose qui a fait totalement basculer ma vie. Je crois que c'est à partir de ce moment-là que j'ai commencé à regretter ces années perdues en jalousie inutile, j'ai trop envié un monde qui n'en valait pas la peine. Je me souviens, j'avais le nez dans mon verre de jus d'orange, pas encore tout à fait réveillé. Ma mère regardait la télévision dans la pièce d'à côté. J'ai entendu le nom de Kent et j'ai immédiatement arrêté ce que j'étais en train de faire pour écouter plus attentivement ce qu'il se tramait. Un scandale médiatique à propos de Lester Kent, mon demi-frère, le fils légitime de Gavin, celui qui était sous les feux de la rampe tandis que j'étais en coulisse. La journaliste parlait d'une voix effrénée, elle a révélé au grand public que l'hédoniste Lester Kent était recherché pour escroquerie à la carte bleue. Je voyais ma mère grimacer, mais je me suis simplement levé et je suis parti prendre le bus. Quelques jours plus tard, c'est un Gavin brisé qui a appelé à la maison. Il a tout de suite été plus proche de moi, comme s'il se prenait pour le père de l'année. Il voulait rattraper le temps perdu qu'il disait, au point de faire de moi son fils légitime. Au début, j'étais aux anges, j'avais enfin réussi, j'étais enfin un véritable Kent, mais très vite, j'ai vu la face cachée de cette pièce qui brillait tant à mes yeux et qui, finalement, est aussi rouillée que les autres.
Les années passent, je préparais ma thèse de doctorat, exercice qui allait finaliser mes études, j'allais m'arrêter après ça. Pas de spécialisation, pas maintenant, en tout cas. Je voulais travailler pour de vrai. En attendant, mes études étaient, comme prévues, extrêmement compliquées. Je passais des heures et des heures à lire et relire mes cours, à faire des recherches et à commencer cette thèse. De plus, Gavin m'avait pris sous son aile et voulait que je devienne le fils Kent qu'il a toujours voulu avoir. Il souhaitait faire les choses correctement avec moi, ne pas me pousser à bout comme il l'avait fait avec son vrai fils. Au début, on passait énormément de temps ensemble, c'était d'ailleurs assez difficile de gérer nos petites discussions et les études. Ensuite, il a voulu m'apprendre comment devait se comporter un Kent, et tout un tas de cours de maintien et de savoir-vivre. J'apprenais littéralement à devenir un bourgeois et ce n'était pas du tout ce que je m'étais imaginé. Il m'a appris comment me tenir en public, ce qu'il fallait faire, ne pas faire, pourquoi et avec qui. C'était de plus en plus pesant.
De plus, Gavin n'était jamais satisfait. Il répétait sans cesse à quel point Lester était excellent et qu'il était l'héritier parfait. Il regrettait tant sa perte... Et de devoir se coltiner le remplaçant. Un gamin aux genoux écorchés par les escapades entre amis. Un adolescent que la puberté n'a pas gâté et avec une petite cicatrice à l'arcade suite à un pari perdu avec son meilleur ami d'enfance, ruinant un visage déjà peu photogénique. Gavin préférait son premier-né et ne s'en cachait jamais auprès de moi. Pourquoi le ferait-il ? Ça te motive à te dépasser, qu'il disait. Si tu avais moins hérité du côté de ta mère, tu aurais peut-être eu une chance, qu'il répétait. Et je ne disais rien, je continuais de faire au mieux, comme le raté que j'étais à ses yeux. Tout ça, c'était la faute de Lester. S'il n'était pas aussi capricieux et imprévisible, je serais resté dans l'ombre. Jaloux certes, mais libre d'exister comme je l'entendais, sans le regard empli de déception que Gavin arborait à chaque fois qu'il me regardait.
Je saturais, j'avais l'impression d'étouffer, de mourir à petit feu. Le temps d'achever ma thèse, je me laissais couler lentement, ne voulant plus faire partie de cette vie, mais même finir cette thèse me semblait être un fardeau. De plus, c'était Gavin qui voulait que je fasse ces études, pas moi. C'était lui et ses choix, il avait supprimé mon libre-arbitre, il avait fait de moi un pantin, une marionnette, une poupée de chiffon qui ne sera jamais assez bien à ses yeux.
Un jour, j'ai craqué. Je me souviens encore parfaitement de cette journée. J'ai fait mon sac, j'ai attrapé tout ce que je pouvais, j'ai tout envoyé chier, j'ai dit ses quatre vérités à Gavin et je suis parti en claquant la porte. J'ai pris la route, je me sentais enfin soulagé d'un poids qui pesait depuis trop longtemps sur mes épaules. Je me sentais de nouveau respirer. Au diable les responsabilités et les obligations ! Désormais, je veux vivre pour moi et loin de ces gens qui ne me voyait que comme un Lester Kent de seconde zone. Je suis un homme libre. Je rêvais de voyages, de contrées lointaines, de cultures étrangères et de découvertes. Je me sentais comme un aventurier, partant à la conquête du monde, libéré de toutes ces choses inutiles pour se concentrer sur l'essentiel : vivre.
J'ai beaucoup voyagé, je suis allé un peu partout, là où mes économies me permettaient d'aller. Je voulais visiter la France, je voulais voir les volcans d'Auvergne et les montagnes enneigées des Alpes. J'avais la tête emplie de clichés. Je voulais voir des Parisiennes se pavaner sur les Champs-Élysée. Je voulais visiter le Louvre, le Quai d'Orly, ce que j'ai fait d'ailleurs. Je voulais gravir le Mont St Michel, je voulais tout voir et tout visiter. Et pas seulement en France. Je me sentais enfin libre et je vivais pour moi. Je ne voulais pas m'arrêter en si bon chemin alors, j'ai repris la route. Je suis allé en Suisse et en Allemagne. J'étais curieux de tout. Je riais en essayant de lire les noms des villages allemands ou encore quand j'ai appris que la mairie se dirait rathaus en allemand. Je ne restais pas longtemps à chaque fois, mais je prenais tout de même le temps de me poser et de vivre, car c'était le plus important dans ce voyage. J'ai travaillé aussi, j'en avais besoin pour gagner de l'argent. Je faisais des petits boulots, histoire d'avoir de quoi manger et de dormir dans un endroit sec. J'ai essayé les maisons d'hôtes, j'ai rencontré des gens géniaux et qui aimaient ce qu'ils faisaient. Ça m'a rappelé pourquoi j'étais parti, ces gens étaient réellement heureux, ce n'était pas une façade. C'était agréable d'enfin voir des visages sincères. Quand j'ai eu assez d'argent, j'ai pris l'avion pour l'Inde, je voulais visiter ces pays, j'étais fasciné par cette culture. Même chose, je visitais, souvent à pieds, des endroits sublimes. Pas seulement les lieux connus, mais aussi, des petites adresses qui valaient vraiment le détour. J'ai travaillé à New Delhi quelque temps, histoire de renflouer un peu mon porte-monnaie. Je suis allé au Tibet aussi, c'était vraiment un pays superbe. J'ai vu de vastes plateaux de verdures et des rivières qui traversaient ces étendues vertes dans toutes leurs largeurs. Puis, j'ai de nouveau quitté ce pays pour en visiter un autre. Le Tibet était situé à côté du Népal alors, autant le visiter pendant que j'étais dans le coin.
La partie la plus importante de mon voyage à mon sens, c'est lors de mon passage au Népal. Je n'avais plus beaucoup d'argent en poche alors, j'allais devoir travailler un peu plus. J'ai pris un appart avec un vieux monsieur, il s’appelait Bishal. Je n'ai jamais su grand-chose de lui, il ne parlait presque pas. Il était musicien de rue. Il s'installait dans la rue la plus touristique de Katmandou et il jouait toute la journée. Il était assez connu dans le coin. Pendant ce temps, j'ai pris un petit poste d'infirmier dans le centre de la ville. J'avais ma propre salle, c'était très rudimentaire, étant une des moins chères et je recevais les patients. La grande majorité du temps, je faisais des prises de sang, mais il arrivait que je serve de psychologue à des gens qui n'avaient pas les moyens de se payer un véritable spécialiste. La pauvreté était très forte au Népal, mais tout le monde pouvait avoir accès aux soins rudimentaires. Malheureusement, la psychologie n'en faisait pas partie. Alors, je m'y collais. Ça me plaisait de savoir que j'aidais ces gens et qu'ils étaient plus heureux en sortant du cabinet, et ce, même si je ne comprenais rien à ce qu'ils me disaient. Au début, tout du moins. Au cours de mes voyages, j'ai appris quelques bases dans chaque langue des pays que j'ai visités comme par exemple « bonjour, au revoir, s'il-vous-plaît, merci » et d'autres petits mots utiles. Je suis resté plusieurs années au Népal. Au bout de quelques mois, je commençais déjà à comprendre des bribes de phrases et puis, beaucoup de gens parlent anglais au Népal alors, on arrivait toujours à se faire comprendre. Puis, petit à petit, j'arrivais à tenir des conversations et à me faire comprendre sans trop de difficultés. Heureusement d'ailleurs, car Bishal ne savait pas parler anglais et ne parlait que népalais. Il disait que jamais, il ne trahirait sa langue natale en parlant cette langue de voyous, que c'était sa fierté de Népalais qui était en jeu. J'admirais beaucoup cet homme, il était droit dans ses principes et il était fondamentalement bon, même s'il n'aimait pas le montrer. C'était un peu le père que j'aurais aimé avoir, quelqu'un qui t'apprend à être un homme meilleur, à respecter les autres et à ne jamais déroger à tes principes. Le peu d'argent qu'il gagnait, il en donnait une bonne partie à des sans-abris et à des associations. Il disait qu'il voulait aider son pays et ses habitants comme il le pouvait et je le respecte énormément pour ça. Un soir, je suis rentré du travail, je me souviens, c'était au tout début de notre colloc, Bishal m'attendait, sa guitare à la main. Il m'a proposé quelque chose, si je mettais un peu plus d'argent dans le loyer, il voulait bien m'apprendre à jouer. J'ai dis oui tout de suite. Durant ces années, il m'a appris tout ce qu'il savait. Il avait donné un nom à sa guitare, Ānanda, ce mot signifie « joie » en népalais. Il m'a dit que c'était ce qu'il ressentait lorsqu'il jouait. Je trouvais ça mignon qu'il ait donné un nom à son instrument de musique. Un jour, je suis rentré, mon sac avait été fait et Bishal m'attendait. Il m'a donné sa guitare et le peu d’économies qu'il avait et il m'a dit de reprendre mon voyage. Durant ces adieux, il n'a pas dérogé à sa règle, il ne parlait qu'en népalais, droit et fier jusqu'au bout. J'étais triste de devoir partir, je me sentais comme chez moi ici. J'avais enfin trouvé ma place, j'étais libre et j'aidais les gens, je ne pouvais demander mieux. Il m'a avoué, un peu honteusement, avoir toujours voulu visiter les États-Unis, mais qu'il était malheureusement trop vieux désormais, pour pouvoir le faire. J'ai pris mon sac, la guitare et je suis parti en direction de l'aéroport pour prendre le premier vol vers New York, non sans l'avoir chaleureusement remercié pour toutes ces années et je lui ai fait la promesse de ne jamais l'oublier.
Je suis arrivé aux États-Unis, l'aéroport était immense, je n'avais encore jamais vu un truc pareil. Je suis sorti et j'ai pris un taxi pour New York, le temps de passer la nuit. Elle porte bien son nom, « la ville qui ne dort jamais » Grâce aux économies de Bishal, il me restait assez d'argent pour me payer une nuit dans un petit hôtel. Je n'avais pas l'intention de rester dans cette ville, elle me rappelait trop de mauvais souvenirs, j'avais l'impression par moment d'être revenu dans le monde des Kent. J'allais partir, je voulais visiter la Nouvelle-Orléans et Astoria, mais j'ai rencontré quelqu'un dans une galerie d'art de Manhattan. Elle s'appelait Riley, elle était chercheuse en robotique. Elle était si passionnée dans son travail, elle voulait révolutionner le domaine médical en créant des robots pour aider les médecins à opérer. Nous avions tous les deux envie d'aider notre prochain, c'est ce qu'il m'a plu tout de suite chez elle. Alors, j'ai décidé de rester à New York, j'ai pris un petit appartement modeste et j'ai posé mes valises. J'ai pris la nationalité américaine pour elle, mais malheureusement, notre histoire n'a pas duré. Du jour au lendemain, plus de nouvelles, envolée. J'ai essayé d'appeler, de la retrouver, j'ai lancé des avis de recherches, mais elle avait tout simplement disparu. J'ai appris quelques mois plus tard qu'elle s'était enfuie au Mexique avec un ami à elle. Je lui en voulais de ne pas m'avoir prévenu, de m'avoir planté là comme si tout ce qu'on avait vécu ne signifiait plus rien. Je l'aurais laissé partir, si c'était ce qu'elle voulait, je ne l'aurais pas forcé à rester si elle ne le souhaitait pas. Je suis simplement déçu qu'elle n'ait pas été la personne que j'espérais qu'elle soit.
« Voilà, notre dernière trouvaille !
- Pourquoi est-ce qu’il est à poil ? Vous l’avez trouvé où, celui-là ? Je te jure que si c’est encore un poivrot, t’es viré.
- C’est parce qu’il arrive tout droit de la morgue de l’hôpital d’Astoria. Vous voyez l’ambulance de la Croix-Rouge qui a été détruite hier par un super-vilain ? Lui et deux de ses collègues étaient encore dedans quand elle a été réduite à un tas de tôles cabossées. Aucun n’a survécu.
- Tu te fous de ma gueule, Richard ? C’est qui alors ce péquenaud ?
- J’y arrive ! Le médecin légiste finissait d’écrire son rapport quand ce gars s’est tout simplement réveillé. Plus aucune blessure et plus aucun souvenir de l’accident. Il pense qu’il est actuellement en retard pour aller au boulot. Apparemment, c'est la première année où il va participer aux tournées dans Southwood pour distribuer des couvertures, de la nourriture et des soins aux clodos.
- Je vois. C'est pile ce qu'on avait besoin, un super difficile à tuer... Tu penses à quel pouvoir ? De la régénération ?
- On n’en est pas vraiment sûr, il faudrait faire des tests.
- Vous attendez quoi, Dr Richard ? Foutez-le dans une cellule et offrez-lui le package de bienvenue. Je ne devrais plus avoir à vous le dire. Vous me faites perdre un temps précieux.
- En fait... Je me dis qu’avoir quelqu’un à la Croix-Rouge serait un avantage tactique non-négligeable pour la Division. Je pense qu’il nous serait plus utile dehors qu‘enfermé dans nos locaux, madame. Surtout que son pouvoir ne représente aucun danger pour son entourage.
- C’est une proposition intéressante. Je vous nomme responsable de ce projet. Vous me le conditionnez comme il se doit, vous lui faites comprendre qu’il appartient désormais à la Division et je compte sur vous pour étouffer la moindre étincelle d’espoir de pouvoir un jour retrouver sa liberté. Vous le mettez plus bas que terre et je jugerai ensuite si on le laisse sortir ou pas. Bon courage, Docteur Richard, je veux des rapports réguliers de vos avancées.
- Ah non, je ne peux pas me charger de ça maintenant ! Je pars en congé demain, j’emmène Karen et les gosses à San Diego, pour fêter nos dix ans de mariage.
- Vous allez devoir annuler. Vous êtes son superviseur, à présent. Passez le bonjour à votre femme et vos enfants. »
Pseudo/prénom Koschtiel Age Bientôt 21 ans Pays Mi-France, Mi-Belgique, j'aime le fromage, les gaufres et les gaufres au fromage Commentaire Ce forum me fait de l'oeil depuis longtemps, voilà que je craque enfin Autres comptes Non coupable, Votre Honneur Crédits Chélie
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