Williams
Elle cerne très bien l'humain, elle ne le connait que trop bien, malgré elle, et ne lui fait pas confiance. C'est parce qu'elle le connaît bien que Nora n'a pas de difficulté à le manipuler. Et lorsqu'elle a besoin de quelque chose, elle s'y donne à cœur joie. Elle use parfois de stratagèmes franchement discutables et son pouvoir l'aide grandement en ce sens.
Nora s'est forgée une carapace presque impossible à retirer. Elle n'aime qu'elle et vous le fait bien sentir. Alors au mieux, vous l'ennuyez, au pire... Ne parlons pas malheur, voulez-vous.
Mais ne vous méprenez pas, Nora est loin d'être calme.
Au contraire, elle est bruyante. C'est une femme qui n'a pas sa langue dans sa poche. Il lui arrive de n'avoir aucune réaction pour des choses qui pourraient vous révolter, ou au contraire, avoir une réaction disproportionnée pour un pas grand chose.
Nora dit ce qu'elle pense, au risque de heurter, parce que ce que l'autre ressent, elle s'en fiche. Elle a bien assez souffert, alors pourquoi pas les autres ? Elle se fiche bien de ce que vous pouvez penser d'elle. Nora ne compte pas plaire à qui que ce soit. Elle est seule et compte bien le rester.
C'est une coquille vide et évite à tout prix d'être remplie d'un trop plein de sentiments qu'elle n'arriverait pas à gérer. Et si toutefois vous vous risqueriez à lui montrer un tant soit peu d'affection, elle fera tout pour vous dégouter. La raison pour laquelle ses fans ne le sont pas bien longtemps, ses séances de dédicaces sont toujours très attendus pour savoir ce qu'elle pourrait bien faire de plus pour effrayer son public.
Mais ne soyez pas trop dur avec Nora... Au fond, ce n'est qu'une petite fille effrayée.
Chimera a bien voulu répondre à nos questions pour la sortie de son nouveau best seller, et comme toujours, ses propos ont dépassé sa pensée. Voici quelques extraits de l'interview :
01 —
"Vous me fatiguez avec vos questions absurdes. Pensez vous réellement que je suis ravie que les gens me dévisagent parce que je suis une Super ? Vous voulez savoir ? Une idiote qui travaillait pour le gouvernement a révélé notre existence, et nous voilà contraints de vivre la peur et le rejet des autres. Nous nous faisons constamment surveiller à cause des nos pouvoirs. Que fait-on du Premier Amendement de la Constitution ? Quand est-ce que nous vivrons librement comme l'Amérique nous le promet ? Je vis aussi librement qu'un chien en laisse. "
02 —
"J'ai l'impression de me présenter pour la présidence des Etats-Unis avec vos questions stupides. Pourquoi honorer la mémoire de Supers ou de non-Supers ? Quelle hypocrisie que de faire croire que tout est passé et que nous sommes en deuil." Chimera est très claire quant à ce point : "l'effondrement de la Pryce Tower est le début des ennuis entre ces deux clans. C'est le calme avant la tempête. Il est clair que nos pouvoirs font peur et qu'à un moment, ils finiront par nous stigmatiser, voire nous chasser."
03 —
"Les cinq prochaines années seront catastrophiques, c'est évident. Les événements tragiques ne cesseront de croître, par accident ou non, on verra chez les Supers quelque chose d'incontrôlable, de presque effrayant, et les non-Super se soulèveront pour les stopper et mettre fin à leurs peurs. C'est tragique, mais c'est le propre de l'homme. Pourquoi croyez-vous que les romans que j'écris, si sombres soient-ils, marchent si bien ? L'homme a un penchant irrésistible pour l'horreur, c'est indéniable."
Espérons qu'il s'agisse du nouveau thème du prochain roman de l'impétueuse Chimera !
"Vous me fatiguez avec vos questions absurdes. Pensez vous réellement que je suis ravie que les gens me dévisagent parce que je suis une Super ? Vous voulez savoir ? Une idiote qui travaillait pour le gouvernement a révélé notre existence, et nous voilà contraints de vivre la peur et le rejet des autres. Nous nous faisons constamment surveiller à cause des nos pouvoirs. Que fait-on du Premier Amendement de la Constitution ? Quand est-ce que nous vivrons librement comme l'Amérique nous le promet ? Je vis aussi librement qu'un chien en laisse. "
"J'ai l'impression de me présenter pour la présidence des Etats-Unis avec vos questions stupides. Pourquoi honorer la mémoire de Supers ou de non-Supers ? Quelle hypocrisie que de faire croire que tout est passé et que nous sommes en deuil." Chimera est très claire quant à ce point : "l'effondrement de la Pryce Tower est le début des ennuis entre ces deux clans. C'est le calme avant la tempête. Il est clair que nos pouvoirs font peur et qu'à un moment, ils finiront par nous stigmatiser, voire nous chasser."
"Les cinq prochaines années seront catastrophiques, c'est évident. Les événements tragiques ne cesseront de croître, par accident ou non, on verra chez les Supers quelque chose d'incontrôlable, de presque effrayant, et les non-Super se soulèveront pour les stopper et mettre fin à leurs peurs. C'est tragique, mais c'est le propre de l'homme. Pourquoi croyez-vous que les romans que j'écris, si sombres soient-ils, marchent si bien ? L'homme a un penchant irrésistible pour l'horreur, c'est indéniable."
Espérons qu'il s'agisse du nouveau thème du prochain roman de l'impétueuse Chimera !
Assise dans mon bureau, concentrée sur mon prochain livre, je ne daignais même pas lever la tête. Je savais de qui il s'agissait. Mon psychologue qui venait me voir une fois par semaine, toujours à la même heure, pour me dire à quel point j'étais folle. Mais ça, je le savais déjà. Je lâchais un petit soupire d'agacement et montrais la place face à moi pour qu'il me rejoigne. Certes, j'étais la cliente, mais j'avais veillé à rester chez moi. Une manière de garder le contrôle. Une manière de leur dire que finalement, ils n'avaient pas totalement la main mise sur moi.
Je fermais avec soin mon ordinateur pour le fixer et attendre que la séance commence. Je fus cependant surprise : il ne s'agissait pas du vieux psychologue que je voyais depuis petite. Il était beaucoup plus jeune, plus séduisant, même. Est-ce que le vieux dinosaure est mort ? J'esquissais un sourire à cette idée, bien que je sois déçue de ne pas l'avoir fait moi-même. Peut-être que je pourrais me charger de celui-là ?
- Bonjour Nora, répéta-t-il, je serai votre nouveau psychologue. EVA m'envoie. Ils pensent qu'il serait plus productif de voir un autre spécialiste.
Je pinçais mes lèvres en comprenant que le vieux dinosaure n'était finalement pas mort. Dommage. Il ne me manquerait pas. C'était un psychologue de merde, d'ailleurs. Je m'installais plus confortablement pour détailler le nouveau venu du regard.
- Vous voulez connaître mon nom ?
- Peu importe votre nom, vous êtes juste ici pour vérifier que je ne perds pas la boule. Une Super qui n'a pas toute sa santé mentale, c'est dangereux, n'est-ce pas ?
- Comme votre père, Nora. C'est ce qu'on essaie d'éviter.
Mes lèvres se pincèrent à nouveau, un peu plus franchement, à l'évocation de mon père. Quelle hypocrisie. Personne n'était venu m'aider lorsque j'étais en train de suffoquer. J'ai juste eu la chance (ou la malédiction, selon si on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide) d'être une Super. Le psychologue me regarda un instant, laissant le silence s'installer entre nous, et gratta sur son carnet de notes quelques informations. Certainement une connerie sur le fait que j'ai réagi à l'évocation de mon père, blablabla. Je me levais soudainement, les deux mains sur mon bureau pour me pencher vers lui et voir ce qu'il écrivait. Il ferma son carnet avant que je puisse voir quoi que ce soit. Je me redressais alors, les yeux légèrement écarquillés : je faisais face à l'affront d'un petit psychologue insignifiant. Ce qui semblait beaucoup l'amuser ; ce sourire en coin sur sa gueule d'ange... Je voudrais le lui arracher.
- Qu'avez-vous écrit ?
- Est-ce que ça vous dérange, que j'écrive sur vous et votre passé ?
- Absolument pas. On écrit tous les jours sur moi. Vous me verrez dans les magazines, sur les plateaux télé, dis-je, l'air détaché. Je m'en fiche.
- Vous venez de surréagir. Peut-être que vous voudriez me parler de l'accident qui s'est passé chez vous, il y a quelques années.
Je le fixais du coin de l’œil. Les bras croisés, je tapotais d'une main l'un de mes bras pour signifier mon agacement. Hors de question.
- Qu'est-ce que j'aurais en échange de mon histoire ?
- Je ne suis pas un de vos lecteurs, Nora, je ne paie pas en échange d'une histoire.
- Une nuit avec vous. En échange de mon histoire.
- Vous êtes sérieusement en train de...
- Une nuit torride, j'ai une chambre parfaite pour ça.
Il était agacé. Il se pinça l'arrête du nez pour essayer de garder le contrôle. Un psychologue qui perd son sang-froid est un mauvais psychologue. Il se leva en ramassant ses affaires pour partir. Merde. S'il part en de mauvais termes, ça signifierait pour moi encore plus de visites, encore moins de liberté.
- Restez.
- Il vaudrait mieux repousser notre rendez-vous quand vous serez un peu moins irrespectueuse.
- Restez, criais-je en tapant du poing sur la table. HEY, PSYCHOLOGUE. RESTEZ. J'AI DIT RESTEZ.
Il se dirigea vers la porte, m'ignorant royalement. Je ne supporte pas qu'on m'ignore. Je serrais les dents avant de capituler.
- Très bien ! Je vais vous raconter.
Il s'arrêta un instant, hésitant. J'étais furieuse mais contrainte de lui dévoiler la pire nuit de ma vie. Je lui ferai payer, soyez en sûr. Il finit par se réinstaller face à moi et sortir son carnet pour prendre des notes.
- Je vous écoute.
- L'ambiance à la maison avait toujours été très particulière, mais plus particulière à partir des années 2000...
Mon père était un Super. Il avait la capacité de lire les pensées des gens. C'était un pouvoir facile à cacher, certes, mais compliqué à gérer. Être constamment dans les pensées de tous ceux qui nous entourent n'est pas évident. C'était un officier qui avait été envoyé au Moyen-Orient suite aux attentats du 11 septembre. Il y avait passé plusieurs mois. Ces mois l'ont profondément changé. Nous étions heureuses, ma mère et moi, de le retrouver, mais le sentiment n'était pas partagé. On voyait dans ses yeux que quelque chose était différent. J'avais beau être jeune, je savais que quelque chose n'allait pas. Il avait atteint un point de non retour. On lui avait diagnostiqué des troubles de stress post-traumatique.
J'ai compris plus tard que le fait d'être encore plus proche d'Astoria n'arrangeait rien : plus près, ses pouvoirs étaient encore plus puissants, donc encore moins gérable. Il avait de plus en plus de mal à garder la tête sur les épaules. Il avait fini par devenir alcoolique. Il était de plus en plus violent envers ma mère et moi. Le quotidien avec lui était de plus en plus difficile et nous espérions presque qu'il repartirait en mission. Mais son état mental l'en empêchait. Ma mère était terrifiée et incapable de le quitter, alors elle subissait, nous subissions. Un soir...
Impossible de dormir. Maman avait prévu de m'amener au zoo le lendemain. J'étais tellement excitée que je n'arrivais pas à fermer l’œil. J'avais d'abord essayé de lire une histoire, de compter les moutons, j'avais imaginé des histoires de princesses pour m'aider à trouver le sommeil, sans succès. J'avais fini par aller aux toilettes. C'est en y allant que j'avais entendu la porte d'entrée claquer. Certainement Papa qui était rentré. Vu l'heure, nous savions, ma mère et moi, qu'il était encore rentré ivre. Il gémissait. Je ne sais pas pourquoi, il gémissait. Ma mère descendit les escaliers pour le rejoindre et essayer de l'aider. Il était comme pris d'un mal de tête, du peu que j'entendais. Moi, terrifiée, j'étais restée caché dans les toilettes, incapable de retourner dans mon lit.
- Ma tête va exploser ! J'en peux plus de tous les entendre. FERMEZ LA. FERMEZ LA !
- Ça va aller, mon chéri, tu devrais venir te coucher.
Un bruit sourd retentit. Je devinais qu'il s'en était encore pris à ma mère.
- Ferme la, salope. Tu crois que je ne sais pas ce que tu penses de moi ? Tu crois que je ne sais pas que tu as voulu t'en aller, que tu espères que je sois envoyé loin d'ici ? Que tu ne m'aimes plus ?! Toutes les choses horribles que tu penses de moi, je les entends, dit-il en tapotant le haut de son crâne.
- Ce n'est pas ce que tu crois... J'ai juste...
Un cri retentit. Des bruits de pas pressés, plusieurs chocs contre ce qui semble être des meubles, les murs peut-être. Cela dura quelques secondes, de longues secondes. De murmures étouffés de ma mère qui tentait certainement de le calmer. Puis plus rien.
J'étais terrifiée. Je pleurais malgré moi et mis mes mains sur ma bouche pour éviter de ne faire du bruit. Je ne voulais pas être la prochaine à subir ses coups.
Des bruits de pas dans l'escalier, des portes qui s'ouvrent brusquement, des jurons. Il m'entend, je le sais, il cherche juste à me retrouver.
- NORA, JE SAIS QUE TU ES LA. PAPA T'ENTEND. MONTRE TOI, SALE GOSSE.
J'étais pétrifiée. Je fermais les yeux, priant qu'il ne m'entende pas, qu'il ne me trouve pas. La porte face à moi grinça et en ouvrant les yeux, je découvrais mon père, les yeux exorbités, bavant comme un chien enragé. Son visage était tordu d'une douleur qu'on ne pouvait percevoir. La douleur dans sa tête dont il nous parlait toujours. Il tendit sa main près de moi pour m'attraper par les cheveux mais je réussis à me glisser entre ses jambes pour lui échapper. Je me dirigeais vers les escaliers et descendais en trombe. Où allais-je ? Aucune idée, je voulais juste sortir de ce cauchemar. En bas, je trouvais ma mère inconsciente, les yeux révulsés, sur le carrelage froid de la cuisine. Je me jetais sur elle pour la secouer, la réveiller, espérant qu'elle me protégerait. Elle ne réagissait pas, elle ne réagirait plus.
Mon père n'avait pas mis longtemps pour me retrouver. Il s'avança prudemment vers moi pour que je ne lui échappe pas à nouveau.
- Viens par ici, Nora. Ne t'en fais pas. Tu ne souffriras pas longtemps. Papa veut juste faire taire les voix dans sa tête... VIENS ICI.
Je pleurais cette fois, paralysée. J'étais prise au piège. La seule sortie possible se trouvait derrière mon père, beaucoup trop imposant pour pouvoir le pousser. Du haut de mes onze ans, j'étais incapable de faire le poids.
- Papa, tu me fais peur...
Quelques pas et il se trouvait face à moi. Il m'attrapa par la gorge et serra son étreinte. Je m'agrippais à ses mains pour essayer de le faire lâcher en vain. Il me fit basculer au sol pour avoir une meilleure prise. Je griffais son visage, essayant de me dégager en vain. Impossible de reprendre mon souffle, je paniquais, m'agitais avec le peu de force qui me restait.
Soudain, la cuisine autour de nous disparu. Je voyais un ciel sombre et un bruit sourd qui annonçait l'apocalypse. Des gens, tout autour de nous, hurlaient, courraient, pleuraient, parlant dans une langue que je ne connaissais pas. Des femmes serraient leurs enfants en essayant d'échapper au monstre qui arrivait. Mais quel monstre ? Des avions, au loin, arrivaient, et dans leur sillage, des bombes détruisaient tout ce qui se trouvait au sol. La terre tremblait et les supplications des hommes disparurent pour laisser place au chaos.
Effrayé, mon père lâcha sa prise autour de mon cou. Je reprenais difficilement mon souffle, tandis qu'il criait, plein poumons, son horreur, regardant autour de lui, perdu. Il finit par se jeter à genou, serrant sa tête, continuant de hurler sa peur. Et tout devint sombre.
J'ai été dans le coma durant plusieurs jours. La police avait été alerté par le voisinage et avait trouvé mon père, mort. Il a fini par prendre l'une de ses armes et se tirer une balle dans la tête, certainement pour ne plus avoir à revivre ça. Personne n'arrivait à comprendre pourquoi mon père avait stoppé son geste. Pourquoi est-ce qu'il n'était pas allé jusqu'au bout. Certains ont osé dire que c'était par amour et par culpabilité.
J'ai eu du mal à comprendre ce qui s'était passé. Je finis par deviner que la scène que j'avais fait vivre à mon père était celle d'un film que j'avais vu quelques jours plus tôt. Mes pouvoirs surgissaient de plus en plus souvent, mais de manière moins spectaculaire. Je m'amusais à jouer avec pour les contrôler. Très vite, les adultes autour de moi se doutaient que quelque chose clochait. J'ai dû suivre des thérapies depuis l'incident.
Quand les Super ont été découvert, on avait enfin compris ce qui s'était réellement passé chez moi ce soir-là. J'ai dû me recenser et je suis constamment surveillée, de peur que moi aussi, je ne perde la tête à cause d'un stress post-traumatique. Que je finisse par tuer tout ceux qui se trouve autour de moi. Mes scènes devant les médias n'arrangent rien. Je suis, au mieux, traumatisée, au pire, une psychopathe. Je ne sais pas vraiment ce qui est le pire. Après tout, comme on le dit souvent, tel père, tel fille.
Je me penchais alors vers mon interlocuteur avec un sourire en coin. Sourire que je perdais soudainement en m'adressant à lui :
- Maintenant, sortez de chez moi. DU BALAI.
Il ramassait précipitamment ses affaires, non pas effrayé, mais brusqué. Je le fixais tandis qu'il s'éloignait. Je finis par lâcher un long soupire. Un café. Il me faut un café.
Pseudo/prénom Sherinn Age 26 ans Pays France Commentaire Vous voulez des cookies ? Autres comptes aucun Crédits frenchandfurious pour l'avatar, Elysian pour le gif
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