Hayes
J'ai aussi un frère Travis. Il est un peu mon contraire, comme le feu et la glace. On s'aime très fort et il me sauve souvent les miches pour éviter que ça grince trop avec Môman. Elle a pas tardé à nous le refourguer son Bob avec qui elle est mariée depuis 9 ans et je pense que c'est un peu le début des emmerdes nous concernant. Il est riche ça c'est pas désagréable, mais qu'est ce qu'il est con...
Franchement si je pouvais me casser et voler de mes propres ailes ce serait pas de refus. Je ne désespère pas de convaincre mon petit papa de me trouver un petit appartement pas loin de la fac.
Dernière connerie en date me teindre les cheveux en arc en ciel. La tronche des voisins, la crise de nerf de ma mère, le demi malaise vagal de ce couillon de Bob qui avait invité des collègues ... Mmmm bon souvenir.
Je suis tenace, têtue et un peu décalée parfois. J'aime être libre c'est sans doute le plus important pour moi. Être moi-même sans aucune compromission et être libre comme l'air. Pas simple à mon âge avec une mère comme la mienne me direz vous ? Pas faux... D'ailleurs pour ça qu'on s'engueule et que je fais les 400 coups.
Les gens disent souvent que ma bouille d'ange cache un sacré caractère. Ma mère dit ça plus prosaïquement : Liv tu es une plaie, une vraie plaie.
Elle ne peut rien dématérialiser de vivant sans le réduire en bouillie... Espérons qu'elle ne voudra pas l'expérimenter pour s'en convaincre.
Sincèrement je m'en fous. Je ne me sens pas du tout concernée et j'ai d'ailleurs du mal à croire à tout ce qui se raconte. Je doute que toutes les capacités dont on parle soient véridiques... Bon ok Bob est sensé être un super. Il peut éteindre les appareils électriques par la pensée ou par une onde je ne sais quoi... Super ? Super con ok mais super héros c'est pas pour demain... Je sais aussi les éteindre les appareils et je pète pas pour autant des paillettes.
Je suis admirative du sacrifice... Parce que c'est noble et que ça en jette. Les gens entiers capables de tout donner pour une cause je trouve ça beau. Aller jusqu'à donner sa vie c'est quand même carrément la classe.
Par contre je crois pas qu'un type ou une nana de ce genre souhaiterait qu'on lui fasse une statue pour ensuite se glorifier de son action.
Je pense que ce super vaut mieux que ce bordel mais ça doit être mon côté anti-conformiste qui s'exprime.
Je ne suis pas experte en relations publiques ni en géopolitique mais j'ai ma petite idée. L'homme est l'animal le plus con sur cette terre contrairement à ce qu'il croit. Vous en connaissez un autre qui abîmerait son propre espace vital ? Enfin tout ça pour dire que ça craint parce que les hommes sont pas finis et qu'ils aiment pas les trucs nouveaux. Les supers font peur et je crains que ça parte en cacahuète. Dans l'histoire on a bien vu ce qui se passe à cause de la peur de l'autre...
Ceci est une zone libre pour développer votre personnage qui peut prendre la forme que vous voulez (anecdotes (min.6), histoires, morceau de rp...).
01 Heureusement tu étais là !
J'avais quoi 5 ans ? Peut être moins ? Ou 6? Je ne sais plus très bien quand j'y repense... Par contre la terreur que j'ai ressenti est toujours bien fraîche dans ma mémoire.
On était à une fête de famille, un mariage je crois ? J'étais avec maman et Travis. Maman râlait... Papa était en retard, encore, est ce qu'il n'avait pas oublié, il n'avait pas intérêt.... Elle était en boucle sur des récriminations qu'on entendaient même plus tellement elles étaient répétitives au quotidien...
Travis était sage et posé près d'elle il souriait aux adultes qui approchaient. Il y avait plein de monde mais moi je voulais voir papa. Je voulais être la première à l'accueillir et à lui sauter dans les bras.
Alors j'attendis tranquillement que maman soit assez entourée pour arrêter de râler et me lâcher du regard pour me précipiter en courant vers les grandes portes battantes.
Doucement et discrètement d'abord et puis de plus en plus vite.
Une porte, un long couloir, une autre porte, une mariée en robe blanche... Je la trouvais jolie comme une princesse la cousine de maman mais ça ne suffisait pas à me distraire de mon idée fixe : rejoindre mon papa.
Tandis que la musique annonçant les mariés résonnait dans la salle de réception j'atteignais l'extérieur sans que personne ne m'arrête. Chacun sans doute convaincu que j'étais sous la garde d'un autre.
Une fois dehors je m'étais perdue enfin j'avais été distraite par un chaton et je l'avais suivi sauf que ça m'avait amenée dans une ruelle derrière la salle. Une ruelle délabrée avec de drôles de types... Un surtout qui avait dit : "mais qu'avons nous là, une saleté de mioche de riche".
Je n'étais pas une saleté, j'étais toute propre avec ma jolie robe blanche ma tresse dans les cheveux et mon petit collier.
C'était ça qu'il voulait et il s'avançait d'un air menaçant. Je me collais au mur je voulais tellement y entrer... Me cacher... Disparaître. Les autres rigolaient, je pleurais, je voulais supplier mais je ne laissais sortir qu'un cri de souris...
Ma mère paniquée me cherchait partout mais ça je l'ignorais...
Et c'est à ce moment juste quand je fermais les yeux pour ne pas voir ce qui allait venir que j'entendis sa voix.
Papa ? Je n'osais y croire et pourtant c'était bel et bien lui qui en retard avait décidé de prendre la porte de service ? Sauvée.
Les larmes coulaient sans que je puisse les retenir tandis que je me précipitais entre ses bras avec de gros sanglots.
"Je voulais te voir papa je suis sortie, je suis désolée..."
Je ne me souviens même pas comment il a fait pour les mettre en fuite ? Est ce qu'il avait des amis avec lui ? D'autres invités ? Je ne me souviens que de la terreur, du goût du sang de ma langue que je mordais si fort et puis le soulagement, la sécurité : mon père.
Il avait pris sur lui notre absence expliquant je ne sais trop quoi à maman tout en me faisant un clin d'œil qui m'avait fait sourire de toutes mes dents.
Ca aurait pu me traumatiser, me rendre timorée ou vraiment craintive mais non, finalement je n'en retenais pas que le monde était hostile. J'en retenais qu'il fallait être bien entourée.
02 Plaies et bosses.
"Je te dis que ça passe..."
C'était la phrase que j'avais prononcée à l'intention de Jordan. Cette phrase dite sur un ton bravache avant de lancer mon skate dans la rampe.
La glisse sensation tellement grisante, l'apesanteur, la vitesse, mes long cheveux dans le vent. Le sourire et puis l'écart, le pied qui glisse, la grimace, la chute que tu vois bien venir mais contre laquelle tu ne peux rien faire.
Une vautré d'anthologie qu'il riait ce con d'en haut. Il se marrait comme un âne avant de se rendre compte que je lui renvoyais pas ses vannes.
Bruit de skate, qui s'approche et puis sa main sur mon épaule.
"Hey ça va ?"
Haussement d'épaule en réponse mais je serre les dents. Mon coude me fait un mal de chien.
Je suis planquée derrière mes cheveux reprenant mon souffle le coeur au bord des lèvres.
Pas fraîche Liv vraiment pas...
Jordan veut que je me lève mais ça tourne, ça bourdonne dans mes oreilles. Je vais plutôt me laisser glisser sur le côté d'eux minutes.
Je m'allonge et je gémis de douleur en le faisant. L'adrénaline retombée je sens nettement mieux que mon coude n'aurait jamais dû plier dans ce sens...
C'est la merde, je dois retourner au bahut, je n'étais d'ailleurs pas sensée en sortir.
Alors que je commençais à me décider à rouvrir les yeux Jordan c'était mis à paniquer et à dire de la merde... Du sang, ma manche : ouais et c'était quoi le rapport ? Je voyais pas ... La radio beaucoup plus... : Fracture ouverte...
C'était ce jour là qu'elle l'avait dit pour la première fois. LA phrase ! Celle que j'aime entendre autant qu'elle me fait mal au cœur. " T'es une plaie Liv."
03 “La poésie éclaire comme un feu d'artifice, elle ne veut pas chasser la nuit, mais, au contraire, en tirer parti.”
"Je ne te demande pas ton avis, Liv Hayes."
Quand ça commençait comme ça, c'était foutrement la merde. Elle était salement têtue ma mère... Faut croire que j'ai de qui tenir finalement.
Elle me prenait le chou depuis une semaine. Bob l'éponge lui avait offert un merveilleuuuux voyage en Frannnnce et il avait la gentillesseeeee d'avoir prévu un billet pour moi. Il fallait que je sois reconnaissante ... Et blablabla et blabla. Mon dieu ce qu'elle pouvait me saouler.
"Bordel maman j'ai 17 ans je peux rester 15 jours ici, je peux même aller chez Papa. Mais 15 jours de vacances avec lui ? C'est plus des vacances là c'est la merde ."
"T'es une..."
"Plaie ouais on sait..."
Ceci dit en claquant la porte avec entrain et sans me douter que finalement ce voyage m'apporterait beaucoup.
J'avais pas eu le choix il avait fallut que je sois du voyage. Bob avait sélectionné un truc barbant au possible avec une tournée des châteaux de la loire.
Visite guidée, petits-fours, vins de Loire et soirées interminables à l'écouter refaire le match.
Mais il y avait eu une exception. Une soirée dingue. Chambord un nom de merde si vous voulez mon avis mais un spectacle à couper le souffle.
Depuis môme j'aime les feux d'artifice, ils me fascinent mais alors cette nuit là je fus tout simplement époustouflée.
Un son et lumière de la pyrotechnie des cascades à cheval... C'était poétique et majestueux, plein de nuances. Un régal pou
r les yeux et l'esprit. J'étais juste hypnotisée par les chatoiements de Lumière, transportée par chaque boum.
A la fin du spectacle alors que tout le monde applaudissait je restais figée comme statufiée. Voilà je savais avec clarté ce que j'allais faire dans la vie. J'allais moi aussi créer de la magie. Artificière c'était une évidence. Créer des étincelles ça me connaissait depuis l'enfance.
04 “L'adolescence ne laisse de bons souvenirs qu'aux adultes ayant mauvaise mémoire”
Jordan m'avait donné rendez-vous, on devait aller faire du skate. Depuis ma fracture ouverte j'avais clairement progressé. Ce que ce petit con avait oublié de me dire c'est qu'il avait aussi convié Isaac... Brun, grand, des yeux verts à vous transpercer le cœur. Un air de ne pas y toucher en permanence accroché à ses lèvres...
Ce gars je ne pouvais en détacher le regard quand il passait dans mon champ de vision. Beau oui certes mais c'était pas ça, il avait autre chose, ça allait bien au-delà. Jordan aussi était beau et je conservais pourtant tous mes neurones en sa compagnie.
Isaac s'avéra aussi cool que prévu et je passais une des plus belles journées de ma vie. Il me souriait, me faisait des clins d'oeil m'apprenait des tricks... Jordan c'était effacé à un moment donné. Pour nous laisser seuls? Parce qu'il se faisait chier? Je n'en savais rien mais ça avait permis un rapprochement. La main d'Isaac sur ma hanche tandis qu'il me guidait vers un escalier de secours. Il avait dans l'idée de m'initier à une autre discipline qu'il affectionnait.
Cette main j'avais l'impression qu'elle était brulante, qu'elle pesait une tonne, qu'elle était plus légère qu'une plume, mon corps entier semblait se résumer à la parcelle de peau qui était au contact de la sienne.
On était montés sur un toît et de là il avait sauté sur le suivant. De l'autre coté il me souriait et me mettait au défi. Un regard en bas, putain que c'était haut... De l'autre côté, comme un rite initiatique, un rite de passage. Une inspiration, deux pas en arrière, la course, l'impulsion, la peur de tomber, la sensation grisante de l'adrénaline à flot dans mes veines, atterrissage, hurlement de joie étouffé sous ses lèvres.
"J'aurais jamais cru que tu oserais, t'es au moins aussi barrée que moi."
Je ne pouvais pas lui dire que c'était ses yeux qui me donnaient des aîles... Je préférais qu'il m'embrasse, encore et encore.
Ce fut ce que l'on fit pendant des jours, et des jours. S'embrasser, s'aimer, faire les cons, sauter d'un toit à l'autre, louper les cours, s'aimer encore. C'était beau et insouciant c'était un petit instant d'éternité mais nous n'étions que des adolescents. Le père d'Isaac qui était soldat perdit la vie en mission et sa mère décida de déménager pour rejoindre sa famille.
Elle était seule et ne le supportait pas. C'était tellement soudain... Pour toute autre raison je lui aurais proposé de fuir avec moi, mais maintenant qu'elle avait perdu l'amour de sa vie, pouvait on lui arracher son fils en plus?
Evidemment on c'était promis la lune... Mais 4000km ça éteint même le plus grand des brasiers... Maintenant Isaac c'est un souvenir, un beau souvenir, qui fait toujours battre mon coeur plus vite... Je ne vous raconte pas comment j'ai pleuré et comme il m'a manqué, ça ne sert à rien, vous devez vous en douter.
Bob le bricoleur voulant jouer les pères de substitution m'a expliqué que ce n'était qu'une amourette d'ado et qu'en grandissant je comprendrais... Je lui avais répondu d'un majeur bien dressé. Font chier ces vieux à croire que parce qu'ils sont timorés on doit être comme eux.
Moi j'espère que j'aimerais encore de toute mon âme, plus même peut être. Je veux un brasier, un gouffre, je veux sauter au dessus du vide, le petit feu de cheminée avec un Bob devant? Ohhh l'angoisse...
05 "Une heure de lecture est le souverain remède contre les dégoûts de la vie.”
Je ne me souviens plus vraiment quand ça a commencé... A quelle époque c'est devenu vital de bouquiner?
J'ai jamais eu le profil du rat de bibliothèque. Au contraire j'étais plutôt considérée comme LA sportive, LA speed, LA marrante, LA ce que tu veux...
Je n'ai jamais aimé les étiquettes mais ce n'est pas ça non plus qui fait que je lis autant... Bon ok ne jamais être tout à fait ou on m'attend me fait toujours plaisir mais c'est autre chose.
Quand j'entrouvre les pages d'un roman de fantasy j'ai l'impression de gagner un refuge. Je suis à ma place... C'est con mais depuis petite je me sens transportée dans un cocon dans lequel rien ne peut m'atteindre, un endroit ou tout est possible.
Toujours de grandes épopées, des sagas, des héros... J'ai commencé par Harry Potter je crois bien... Comme tout le monde? Oui surement. Depuis je suis une encyclopédie vivante du style Fantasy et plus précisément du Sword & Sorcery. Assez inutile en société mais je n'ai jamais espéré y briller de toute manière.
Les cocktails et autres mondanités auxquels j'étais conviée m'en ont vite dégoutée. Donner l'image de la fille parfaite du couple parfait... La vache. Robert le beau-père n'avait rien de Bob Morane... Pas de risque, pas de fantaisie, tout dans l'image. Pas ma came. Pendant quelques temps j'adorais faire exprès d'être pénible lors de ces grands rendez-vous, et puis finalement ma mère c'était rendue à l'évidence. Elle ne pourrais pas me formater pour sourire quand elle le voulait. Elle me répétait que mon si joli minois pouvait m'ouvrir bien des portes si je me montrais un peu moins ceci, un peu plus celà.
Je n'avais pas du tout envie de faire ça. Je voulais qu'on m'aime pour moi. Pas parce que je faisais en sorte d'être un joli petit singe savant.
Elle m'avais menacé de pension, j'avais applaudi, et puis finalement elle avait juste lâché l'affaire... Je ne comprenais pas comment faisait mon frère avec elle.
06 “Je fais du théâtre pour ressentir les sensations que la vie ne m'apporte pas.”
Maman avait des principes concernant l'éducation. Du sport mais aussi des activités artistiques. J'avais chanté, fait un peu de guitare, du dessin... Des trucs qui plaisaient à mon père, un peu sans doute pour me rapprocher de lui. Mais ça n'avait rien donné. C'était des activités trop posées pour moi surement...
Je ne pouvais rester tranquille qu'avec un livre. Alors après sur une idée de Bob (mais pas Marley) elle m'avait inscrite au Théâtre.
C'était une idée de l'autre alors j'avais tiré la gueule un bon moment avant de me rendre compte que c'était un exutoire délicieux. J'étais assez douée, rapidement à l'aise, en tout cas dans les rôles comiques. Quand il fallait aller sur le terrain de l'émotion c'était tout autre chose, moi si expansive je devenais secrète.
De fil en aiguille j'avais fait plusieurs spectacles avec ma prof. Un jour j'étais venue avec Isaac, et on avait pris la voie des airs. On était arrivé tous les deux en se baladant d'un toit à l'autre. Elle nous avait vu... Je fronçais le nez à l'idée de l'engueulade que j'allais me prendre... Elle allait en parler à maman, ça allait encore couiner de partout.
Et en fait non, pas du tout. Elle n'avait rien dit du tout se contentant de me faire un sourire énigmatique en me disant : "la semaine prochaine j'aurais un truc pour toi".
Ce "truc" c'était la carte d'Anthony Gomez. Un cascadeur qui montait une troupe et qui faisait passer des castings. Théâtre, acrobatie, arts martiaux... Un truc ultra complet.
Il avait été déçu que je n'ai jamais fait de sport de combat mais avait dit que ça pouvait s'apprendre même sur le tard, à condition que je me donne à fond.
C'était une vraie récréation ces cours dans le quotidien. Un endroit ou ma bouille d'ange et mes cheveux blonds ne faisaient pas de moi une faible créature. J'en prenais clairement plein la tronche et le pire là dedans c'était que j'en redemandais.
Je ne savais pas si j'aurais un jour ou l'autre un niveau professionnel si je finirais pas doubler une star mais ce n'était pas très grave tant ça m'apportait. Ceci dit Liv Hayes en doublure d'une Daenerys ça en aurait de la gueule, non ?
J'avais quoi 5 ans ? Peut être moins ? Ou 6? Je ne sais plus très bien quand j'y repense... Par contre la terreur que j'ai ressenti est toujours bien fraîche dans ma mémoire.
On était à une fête de famille, un mariage je crois ? J'étais avec maman et Travis. Maman râlait... Papa était en retard, encore, est ce qu'il n'avait pas oublié, il n'avait pas intérêt.... Elle était en boucle sur des récriminations qu'on entendaient même plus tellement elles étaient répétitives au quotidien...
Travis était sage et posé près d'elle il souriait aux adultes qui approchaient. Il y avait plein de monde mais moi je voulais voir papa. Je voulais être la première à l'accueillir et à lui sauter dans les bras.
Alors j'attendis tranquillement que maman soit assez entourée pour arrêter de râler et me lâcher du regard pour me précipiter en courant vers les grandes portes battantes.
Doucement et discrètement d'abord et puis de plus en plus vite.
Une porte, un long couloir, une autre porte, une mariée en robe blanche... Je la trouvais jolie comme une princesse la cousine de maman mais ça ne suffisait pas à me distraire de mon idée fixe : rejoindre mon papa.
Tandis que la musique annonçant les mariés résonnait dans la salle de réception j'atteignais l'extérieur sans que personne ne m'arrête. Chacun sans doute convaincu que j'étais sous la garde d'un autre.
Une fois dehors je m'étais perdue enfin j'avais été distraite par un chaton et je l'avais suivi sauf que ça m'avait amenée dans une ruelle derrière la salle. Une ruelle délabrée avec de drôles de types... Un surtout qui avait dit : "mais qu'avons nous là, une saleté de mioche de riche".
Je n'étais pas une saleté, j'étais toute propre avec ma jolie robe blanche ma tresse dans les cheveux et mon petit collier.
C'était ça qu'il voulait et il s'avançait d'un air menaçant. Je me collais au mur je voulais tellement y entrer... Me cacher... Disparaître. Les autres rigolaient, je pleurais, je voulais supplier mais je ne laissais sortir qu'un cri de souris...
Ma mère paniquée me cherchait partout mais ça je l'ignorais...
Et c'est à ce moment juste quand je fermais les yeux pour ne pas voir ce qui allait venir que j'entendis sa voix.
Papa ? Je n'osais y croire et pourtant c'était bel et bien lui qui en retard avait décidé de prendre la porte de service ? Sauvée.
Les larmes coulaient sans que je puisse les retenir tandis que je me précipitais entre ses bras avec de gros sanglots.
"Je voulais te voir papa je suis sortie, je suis désolée..."
Je ne me souviens même pas comment il a fait pour les mettre en fuite ? Est ce qu'il avait des amis avec lui ? D'autres invités ? Je ne me souviens que de la terreur, du goût du sang de ma langue que je mordais si fort et puis le soulagement, la sécurité : mon père.
Il avait pris sur lui notre absence expliquant je ne sais trop quoi à maman tout en me faisant un clin d'œil qui m'avait fait sourire de toutes mes dents.
Ca aurait pu me traumatiser, me rendre timorée ou vraiment craintive mais non, finalement je n'en retenais pas que le monde était hostile. J'en retenais qu'il fallait être bien entourée.
"Je te dis que ça passe..."
C'était la phrase que j'avais prononcée à l'intention de Jordan. Cette phrase dite sur un ton bravache avant de lancer mon skate dans la rampe.
La glisse sensation tellement grisante, l'apesanteur, la vitesse, mes long cheveux dans le vent. Le sourire et puis l'écart, le pied qui glisse, la grimace, la chute que tu vois bien venir mais contre laquelle tu ne peux rien faire.
Une vautré d'anthologie qu'il riait ce con d'en haut. Il se marrait comme un âne avant de se rendre compte que je lui renvoyais pas ses vannes.
Bruit de skate, qui s'approche et puis sa main sur mon épaule.
"Hey ça va ?"
Haussement d'épaule en réponse mais je serre les dents. Mon coude me fait un mal de chien.
Je suis planquée derrière mes cheveux reprenant mon souffle le coeur au bord des lèvres.
Pas fraîche Liv vraiment pas...
Jordan veut que je me lève mais ça tourne, ça bourdonne dans mes oreilles. Je vais plutôt me laisser glisser sur le côté d'eux minutes.
Je m'allonge et je gémis de douleur en le faisant. L'adrénaline retombée je sens nettement mieux que mon coude n'aurait jamais dû plier dans ce sens...
C'est la merde, je dois retourner au bahut, je n'étais d'ailleurs pas sensée en sortir.
Alors que je commençais à me décider à rouvrir les yeux Jordan c'était mis à paniquer et à dire de la merde... Du sang, ma manche : ouais et c'était quoi le rapport ? Je voyais pas ... La radio beaucoup plus... : Fracture ouverte...
C'était ce jour là qu'elle l'avait dit pour la première fois. LA phrase ! Celle que j'aime entendre autant qu'elle me fait mal au cœur. " T'es une plaie Liv."
"Je ne te demande pas ton avis, Liv Hayes."
Quand ça commençait comme ça, c'était foutrement la merde. Elle était salement têtue ma mère... Faut croire que j'ai de qui tenir finalement.
Elle me prenait le chou depuis une semaine. Bob l'éponge lui avait offert un merveilleuuuux voyage en Frannnnce et il avait la gentillesseeeee d'avoir prévu un billet pour moi. Il fallait que je sois reconnaissante ... Et blablabla et blabla. Mon dieu ce qu'elle pouvait me saouler.
"Bordel maman j'ai 17 ans je peux rester 15 jours ici, je peux même aller chez Papa. Mais 15 jours de vacances avec lui ? C'est plus des vacances là c'est la merde ."
"T'es une..."
"Plaie ouais on sait..."
Ceci dit en claquant la porte avec entrain et sans me douter que finalement ce voyage m'apporterait beaucoup.
J'avais pas eu le choix il avait fallut que je sois du voyage. Bob avait sélectionné un truc barbant au possible avec une tournée des châteaux de la loire.
Visite guidée, petits-fours, vins de Loire et soirées interminables à l'écouter refaire le match.
Mais il y avait eu une exception. Une soirée dingue. Chambord un nom de merde si vous voulez mon avis mais un spectacle à couper le souffle.
Depuis môme j'aime les feux d'artifice, ils me fascinent mais alors cette nuit là je fus tout simplement époustouflée.
Un son et lumière de la pyrotechnie des cascades à cheval... C'était poétique et majestueux, plein de nuances. Un régal pou
r les yeux et l'esprit. J'étais juste hypnotisée par les chatoiements de Lumière, transportée par chaque boum.
A la fin du spectacle alors que tout le monde applaudissait je restais figée comme statufiée. Voilà je savais avec clarté ce que j'allais faire dans la vie. J'allais moi aussi créer de la magie. Artificière c'était une évidence. Créer des étincelles ça me connaissait depuis l'enfance.
Jordan m'avait donné rendez-vous, on devait aller faire du skate. Depuis ma fracture ouverte j'avais clairement progressé. Ce que ce petit con avait oublié de me dire c'est qu'il avait aussi convié Isaac... Brun, grand, des yeux verts à vous transpercer le cœur. Un air de ne pas y toucher en permanence accroché à ses lèvres...
Ce gars je ne pouvais en détacher le regard quand il passait dans mon champ de vision. Beau oui certes mais c'était pas ça, il avait autre chose, ça allait bien au-delà. Jordan aussi était beau et je conservais pourtant tous mes neurones en sa compagnie.
Isaac s'avéra aussi cool que prévu et je passais une des plus belles journées de ma vie. Il me souriait, me faisait des clins d'oeil m'apprenait des tricks... Jordan c'était effacé à un moment donné. Pour nous laisser seuls? Parce qu'il se faisait chier? Je n'en savais rien mais ça avait permis un rapprochement. La main d'Isaac sur ma hanche tandis qu'il me guidait vers un escalier de secours. Il avait dans l'idée de m'initier à une autre discipline qu'il affectionnait.
Cette main j'avais l'impression qu'elle était brulante, qu'elle pesait une tonne, qu'elle était plus légère qu'une plume, mon corps entier semblait se résumer à la parcelle de peau qui était au contact de la sienne.
On était montés sur un toît et de là il avait sauté sur le suivant. De l'autre coté il me souriait et me mettait au défi. Un regard en bas, putain que c'était haut... De l'autre côté, comme un rite initiatique, un rite de passage. Une inspiration, deux pas en arrière, la course, l'impulsion, la peur de tomber, la sensation grisante de l'adrénaline à flot dans mes veines, atterrissage, hurlement de joie étouffé sous ses lèvres.
"J'aurais jamais cru que tu oserais, t'es au moins aussi barrée que moi."
Je ne pouvais pas lui dire que c'était ses yeux qui me donnaient des aîles... Je préférais qu'il m'embrasse, encore et encore.
Ce fut ce que l'on fit pendant des jours, et des jours. S'embrasser, s'aimer, faire les cons, sauter d'un toit à l'autre, louper les cours, s'aimer encore. C'était beau et insouciant c'était un petit instant d'éternité mais nous n'étions que des adolescents. Le père d'Isaac qui était soldat perdit la vie en mission et sa mère décida de déménager pour rejoindre sa famille.
Elle était seule et ne le supportait pas. C'était tellement soudain... Pour toute autre raison je lui aurais proposé de fuir avec moi, mais maintenant qu'elle avait perdu l'amour de sa vie, pouvait on lui arracher son fils en plus?
Evidemment on c'était promis la lune... Mais 4000km ça éteint même le plus grand des brasiers... Maintenant Isaac c'est un souvenir, un beau souvenir, qui fait toujours battre mon coeur plus vite... Je ne vous raconte pas comment j'ai pleuré et comme il m'a manqué, ça ne sert à rien, vous devez vous en douter.
Bob le bricoleur voulant jouer les pères de substitution m'a expliqué que ce n'était qu'une amourette d'ado et qu'en grandissant je comprendrais... Je lui avais répondu d'un majeur bien dressé. Font chier ces vieux à croire que parce qu'ils sont timorés on doit être comme eux.
Moi j'espère que j'aimerais encore de toute mon âme, plus même peut être. Je veux un brasier, un gouffre, je veux sauter au dessus du vide, le petit feu de cheminée avec un Bob devant? Ohhh l'angoisse...
Je ne me souviens plus vraiment quand ça a commencé... A quelle époque c'est devenu vital de bouquiner?
J'ai jamais eu le profil du rat de bibliothèque. Au contraire j'étais plutôt considérée comme LA sportive, LA speed, LA marrante, LA ce que tu veux...
Je n'ai jamais aimé les étiquettes mais ce n'est pas ça non plus qui fait que je lis autant... Bon ok ne jamais être tout à fait ou on m'attend me fait toujours plaisir mais c'est autre chose.
Quand j'entrouvre les pages d'un roman de fantasy j'ai l'impression de gagner un refuge. Je suis à ma place... C'est con mais depuis petite je me sens transportée dans un cocon dans lequel rien ne peut m'atteindre, un endroit ou tout est possible.
Toujours de grandes épopées, des sagas, des héros... J'ai commencé par Harry Potter je crois bien... Comme tout le monde? Oui surement. Depuis je suis une encyclopédie vivante du style Fantasy et plus précisément du Sword & Sorcery. Assez inutile en société mais je n'ai jamais espéré y briller de toute manière.
Les cocktails et autres mondanités auxquels j'étais conviée m'en ont vite dégoutée. Donner l'image de la fille parfaite du couple parfait... La vache. Robert le beau-père n'avait rien de Bob Morane... Pas de risque, pas de fantaisie, tout dans l'image. Pas ma came. Pendant quelques temps j'adorais faire exprès d'être pénible lors de ces grands rendez-vous, et puis finalement ma mère c'était rendue à l'évidence. Elle ne pourrais pas me formater pour sourire quand elle le voulait. Elle me répétait que mon si joli minois pouvait m'ouvrir bien des portes si je me montrais un peu moins ceci, un peu plus celà.
Je n'avais pas du tout envie de faire ça. Je voulais qu'on m'aime pour moi. Pas parce que je faisais en sorte d'être un joli petit singe savant.
Elle m'avais menacé de pension, j'avais applaudi, et puis finalement elle avait juste lâché l'affaire... Je ne comprenais pas comment faisait mon frère avec elle.
Maman avait des principes concernant l'éducation. Du sport mais aussi des activités artistiques. J'avais chanté, fait un peu de guitare, du dessin... Des trucs qui plaisaient à mon père, un peu sans doute pour me rapprocher de lui. Mais ça n'avait rien donné. C'était des activités trop posées pour moi surement...
Je ne pouvais rester tranquille qu'avec un livre. Alors après sur une idée de Bob (mais pas Marley) elle m'avait inscrite au Théâtre.
C'était une idée de l'autre alors j'avais tiré la gueule un bon moment avant de me rendre compte que c'était un exutoire délicieux. J'étais assez douée, rapidement à l'aise, en tout cas dans les rôles comiques. Quand il fallait aller sur le terrain de l'émotion c'était tout autre chose, moi si expansive je devenais secrète.
De fil en aiguille j'avais fait plusieurs spectacles avec ma prof. Un jour j'étais venue avec Isaac, et on avait pris la voie des airs. On était arrivé tous les deux en se baladant d'un toit à l'autre. Elle nous avait vu... Je fronçais le nez à l'idée de l'engueulade que j'allais me prendre... Elle allait en parler à maman, ça allait encore couiner de partout.
Et en fait non, pas du tout. Elle n'avait rien dit du tout se contentant de me faire un sourire énigmatique en me disant : "la semaine prochaine j'aurais un truc pour toi".
Ce "truc" c'était la carte d'Anthony Gomez. Un cascadeur qui montait une troupe et qui faisait passer des castings. Théâtre, acrobatie, arts martiaux... Un truc ultra complet.
Il avait été déçu que je n'ai jamais fait de sport de combat mais avait dit que ça pouvait s'apprendre même sur le tard, à condition que je me donne à fond.
C'était une vraie récréation ces cours dans le quotidien. Un endroit ou ma bouille d'ange et mes cheveux blonds ne faisaient pas de moi une faible créature. J'en prenais clairement plein la tronche et le pire là dedans c'était que j'en redemandais.
Je ne savais pas si j'aurais un jour ou l'autre un niveau professionnel si je finirais pas doubler une star mais ce n'était pas très grave tant ça m'apportait. Ceci dit Liv Hayes en doublure d'une Daenerys ça en aurait de la gueule, non ?
Pseudo/prénom Claï Age 37ans Pays BretagneCommentaire Hello Autres comptes pas encore Crédits brocart
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[b]Emma Delury[/b] @"Liv Hayes"
[b]Métier[/b] Etudiante en chimie, apprentie cascadeuse @"Liv Hayes"
Si super :
[b]Passe-Muraille[/b] @"Liv Hayes"
[b]Shadow[/b] aka @"Liv Hayes"