Taylor
Elle a été fiancée pendant deux ans à un camarade de promo, mais elle a fini par le quitter avant de revenir à Astoria, trop consciente de leur univers différent et incompatible.
Elle a d'abord cru à un canular, mais ce n'était pas le premier avril. Puis qu'elle rêvait, mais elle était bien réveillée. Alors il a fallu accepter l'existence de ces gens un peu bizarres, un peu intrigants. Ses parents, fervents catholiques, ont évidemment crié aux monstres, même à l'antéchrist. Elle doit reconnaître qu'aujourd'hui encore, cela lui parait toujours étonnant, mais surtout irritant. Toute cette médiatisation, cette mise en avant, ces luttes pour qu'ils s'immiscent partout, ça commence à la gonfler sérieusement.
On en parle pas assez de ces supers ? Des centaines de personnes sont mortes, et on se pose sérieusement la question ? Ce monde ne tourne décidément pas rond. S'ils veulent construire une nouvelle mocheté, ce doit être en hommage aux victimes, certainement pas à ce pseudo héros.
Il faudrait veiller à garder un certain équilibre, ou en tout cas que les supers ne prennent pas plus de place. Ils sont moins nombreux, pourquoi les privilégier autant ? Sans compter leur dangerosité, il suffit de voir le drame de 2015 ! Il y a déjà assez de fous comme ça pour que ceux avec des pouvoirs soient encore plus libres. Mais bon... l'Humain est idiot, alors qui peut savoir ?
20 ans qu'ils l'attendent. 20 ans d'espoir, de rêves, de désillusions, de larmes, de prières. Oh, tant de prières. Et alors qu'elle a abandonné son désir de maternité, voilà que Mme Taylor tombe enceinte, à 42 ans, d'une princesse qui tient bon et les comble de joie, Monsieur et elle. Les premiers pleurs d'Harper accompagnent les plus beaux des sourires parentaux, qui accolent Faith au prénom choisi, comme pour la marquer de la protection de Dieu. Baptisée rapidement, la gamine grandit dans un foyer choyé de Southwood, entre les rangs de l'église et les rues défoncées. Enfant pleine de vie, malicieuse, rieuse et précoce, le petit miracle des Taylor est élevée à la limite de l'adoration.
Elle en a dans le crâne, la petite. Parcours scolaire irréprochable, toujours en tête de la classe depuis sa première rentrée. Ils sont fiers, les Taylor, de cette progéniture choyée. Alors quand on les convoque pour proposer un saut de classe, le champagne coule presque. Sauf qu'on est à Southwood, chez des fidèles pratiquants. Ce sera donc de l'eau bénite lors de la prochaine messe. Et la gamine est envoyée une classe au-dessus, avec les félicitations du jury et les regards jaloux de ses camarades. Tend l'autre joue, répète sa mère quand elle se plaint. Elle tire plutôt la langue, la jolie Harper.
Ils se repèrent tout de suite. Pas destinés à être dans la même classe, lui en retard, elle en avance. Ils n'ont rien en commun, si ce n'est le quartier. Et pourtant, ils s'attirent comme deux aimants, se détestent autant qu'ils s'apprécient. Harper l'aide pour ses devoirs, Ilya la fait rire avec ses conneries. Elle se fiche de la vie qu'il mène, elle envie sa liberté, s'en découvre une à ses côtés. Une bouffée d'air frais en dehors du carcan familial. L'amitié est solide, du moins c'est ce qu'ils croient, encore innocents de ce sentiment qui viendra à naître.
Quelques mois qu'ils sont ensemble maintenant. C'est beau, c'est passionné, c'est frais. Sauf dans la voiture qui les emmène au bal de promo. Parce que Boston, c'est juste à l'autre bout du pays. Parce que Harvard c'est son rêve. Et qu'elle y est acceptée. Un dossier parfait, et sortie d'un quartier pauvre, elle est un exemple à mettre en avant pour la prestigieuse université qui lui a accordé une bourse. Ils tentent malgré tout, malgré deux vies redevenues différentes, entre sms, skype, coups de fil, mais c'est pas pareil, ils s'en rendent compte, et la rupture est consommée.
La fin de ses études est couronnée de succès, brillante major de promo de son master en finances, la jeune femme voit s'ouvrir devant elle toutes les portes des plus grandes banques et entreprises du pays. Elle voit aussi se fermer ses fiançailles, y mettant un terme en prenant conscience qu'elle reste une fille de Southwood au fond d'elle, et que la haute société dont est issu son compagnon n'est pas faite pour elle, malgré les sourires de façade qu'elle engage. Libre et heureuse, elle porte son choix sur une banque de Boston, débutant ainsi sa carrière d'analyste financière.
A peine le temps de prendre ses marques, que la mauvaise nouvelle tombe : son père, âgé de 68 ans, est malade. Les valises sont faites, la démission est donnée non sans une pointe de regret. Mais elle veut être sur place, au cas où, et puis il faut lui trouver le meilleur médecin, payer son traitement, trouver quelqu'un pour aider sa mère. Alors la revoilà qui atterrit à Astoria, s'installe à Burton Ridge, se met en quête d'un autre logement pour ses parents qui eux refusent de quitter leur quartier d'origine. Il y a des soupirs, heureusement Harper trouve rapidement un nouvel emploi. La Walsh Banking Corporate lui offre une place en or et la vie redémarre, dans cette ville délaissée cinq ans plus tôt. Il y a des souvenirs qui reviennent, des visages qui sont remémorés. Elle pense à lui évidemment, jette un œil sur Internet, ne trouve rien, laisse tomber. Elle est toujours la même, mais qui y croirait encore ?
Pseudo/prénom Althea Age Doublement majeure Pays France Commentaire Je vous aime autant que les cookies Autres comptes Charlie, Eli, Zak, Mei Crédits L'Internet
- Codes de recensement:
- Code:
[b]Zoey Deutch[/b] @"Harper Taylor"
[b]Analyste financière[/b] @"Harper Taylor"